Partager la publication "Jean-François Weber (Green GT) : “La mobilité durable doit réinventer ses énergies”"
Lors de l’événement “2050 we are_ DEMAIN”, Jean-François Weber, ingénieur et fondateur de Green GT, a partagé sa vision du futur de la mobilité durable. À la tête d’une entreprise spécialisée dans les piles à hydrogène, il est convaincu que l’avenir des transports passera par des solutions énergétiques plus respectueuses de l’environnement, des camions mais aussi des voitures à hydrogène.
Selon lui, la technologie actuelle doit évoluer pour répondre aux besoins des différents types de transport, que ce soit pour les particuliers, les professionnels ou les transports publics. “Il y a seize ans j’ai quitté le secteur des moteurs thermiques parce qu’il était clair pour moi, même sans préoccupation écologique, que la course aux moteurs à combustion n’avait plus de sens. Le futur devait être électrique, mais la question restait : comment stocker l’énergie de manière optimale ?”
Jean-François Weber a identifié très tôt que la batterie, malgré ses avantages pour les voitures électriques particulières, était une solution limitée pour les véhicules professionnels. “Les camions, les avions, les bateaux ne peuvent pas se contenter de batteries. C’est trop lourd, pas assez autonome et finalement contre-productif. Vous finissez par transporter plus de batterie que de marchandise.” C’est là que l’hydrogène entre en jeu.
La société suisse Green GT s’est donc tournée vers les piles à hydrogène. Cette technologie est déjà utilisée dans l’espace depuis plus de 60 ans, mais encore peu répandue sur Terre (à Dijon, des bus sont propulsés avec cette énergie). “L’hydrogène, c’est propre, et le seul rejet d’une pile à combustible, c’est de l’eau”, résume-t-il. Jean-François Weber insiste sur le fait que, grâce à l’hydrogène, il est possible de créer des systèmes entièrement propres capables de rivaliser en puissance et en endurance avec des moteurs thermiques. Il évoque les courses d’endurance auxquelles ses voitures ont participé pour démontrer la fiabilité et la performance des moteurs à hydrogène. Bertrand Piccard, lui, prépare un tour du monde sans escale avec des piles à hydrogène de Green GT.
Cependant, plusieurs défis subsistent pour l’adoption massive de l’hydrogène. “C’est compliqué, c’est cher et c’est lourd”, sont les principales critiques adressées à cette technologie. L’ingénieur, en réponse, démysthifie certains de ces obstacles. “Oui, c’est compliqué. Mais pas plus que de faire rouler une voiture à essence. Ce qui rend la production d’hydrogène coûteuse aujourd’hui, c’est l’absence d’infrastructure à grande échelle.” Selon lui, l’hydrogène n’est pas plus dangereux que l’essence, et les coûts devraient baisser à mesure que la production se développe.
En matière de sécurité, justement, Jean-François Weber se veut rassurant. “L’hydrogène est plus sûr que l’essence. En cas de problème, le réservoir se vide dans l’atmosphère en moins d’une minute, sans danger.” En revanche, il admet que le véritable défi réside dans la mise en place d’infrastructures de production et de distribution à grande échelle. “C’est là que la politique doit jouer son rôle, en soutenant ces technologies à travers des trajectoires claires.”
L’ingénieur se montre optimiste quant à l’adoption de l’hydrogène, notamment dans notre région du monde. “L’hydrogène peut offrir à l’Europe une autonomie énergétique réelle. Contrairement aux batteries, qui nécessitent des terres rares souvent importées de Chine, l’hydrogène peut être produit localement avec de l’eau et de l’électricité.” L’indépendance énergétique est donc un argument fort en faveur de cette technologie, surtout dans un contexte géopolitique incertain.
Pour Jean-François Weber, l’hydrogène n’est pas uniquement une solution pour les véhicules lourds, mais pourrait se révéler également une option sérieuse pour les voitures particulières. Il imagine un futur où l’hydrogène coexisterait avec les batteries, chaque technologie répondant à des besoins spécifiques. “À terme, le coût de l’hydrogène sera compétitif avec celui de l’essence. Nous avons déjà prouvé que c’est techniquement faisable, maintenant, il faut que la volonté politique et industrielle suive. Ce qui freine le développement aujourd’hui, c’est principalement le coût et l’infrastructure. Mais comme toutes les grandes innovations, cela finira par se résoudre.”
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