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Jean-Marie Lioult (Grâce au Jardin) : de curé à maraîcher engagé

WE DEMAIN accompagne le Crédit Agricole sur la Route des transitions. À Tremblay-les-Villages, au coeur de la Beauce, Jean-Marie Lioult cultive l’amour du vivant, de tous les vivants.

Le 29/07/2024 par Florence Santrot
Jean-Marie Lioult
Jean-Marie Lioult sur son tracteur. Crédit : Jérémy Lempin / WD.
Jean-Marie Lioult sur son tracteur. Crédit : Jérémy Lempin / WD.

Jean-Marie Lioult, ancien curé de Châteaudun et Dreux, a trouvé une nouvelle vocation dans l’agriculture biologique. Inspiré par le film Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent, ainsi que par l’encyclique Laudato si’ du pape François, il a fondé l’association Grâce au Jardin à Tremblay-les-Villages, au coeur de la Beauce. Un retour aux sources pour cet Eurélien titulaire d’un bac agricole et d’un BTS horticulture-paysage. Sur une ferme maraîchère de 7,5 hectares, il cultive la terre en respectant la biodiversité et en intégrant des pratiques durables.

Avec ses 3 500 arbres plantés, dont 1 000 en verger circulaire et une forêt comestible, Jean-Marie Lioult prône la permaculture. « Plus on met les mains dans la terre, plus notre rapport au temps et au vivant change », affirme-t-il. Sa ferme aide aussi à l’insertion professionnelle des jeunes et des personnes éloignées de l’emploi, offrant un lieu de réhabilitation et de redécouverte du vivant.

« Respecter le vivant, tous les vivants »

Tout en marchant sur les herbes fraîchement coupées – tout végétal est laissé sur le terrain pour l’enrichir et servir de puits de carbone – il nous explique son approche : « Je voulais créer un lieu de biodiversité qui respecte le vivant, tous les vivants. Nous avons donc planté 3 500 arbres dont 1 000 plants en verger circulaire et une forêt comestible. Tout cela est complété, au centre, par un jardin expérimental. » 

Jean-Marie Lioult explique avec passion le fonctionnement de sa ferme et de son association loi 1901, Grâce au Jardin. Crédit : Jérémy Lempin / WD.
Jean-Marie Lioult explique avec passion le fonctionnement de sa ferme et de son association loi 1901, Grâce au Jardin. Crédit : Jérémy Lempin / WD.

Adepte de la permaculture, Jean-Marie Lioult assure qu’on peut cultiver de grandes quantités sur de petites surfaces si on abandonne la monoculture et qu’on ne pratique pas l’agriculture extensive. « Ma vision de la sobriété, c’est de mécaniser mon activité le moins possible. Plus on met les mains dans la terre, plus notre rapport au temps et au vivant change », affirme-t-il. Sa ferme maraîchère aide d’ailleurs des jeunes et des personnes éloignées de l’emploi à s’insérer, ou se réinsérer, dans la vie professionnelle.

« Sous nos pieds, plus d’habitants que d’humains sur la planète »

« Dans un maraîchage sol vivant, on prend conscience que le sol est une réalité vivante.
Sous un seul de vos pieds, là, vous avez plus d’habitants que d’humains sur la planète.
Vous avez plus de 8 milliards d’habitants là-dessous. C’est très impressionnant »
, souligne Jean-Marie Lioult. Et de prendre l’exemple d’une prairie en Normandie : « Une prairie ancienne, vous prenez un hectare – 100 mètres sur 100 mètres –. Dessus, vous pouvez mettre une dizaine de vaches. Une vache, ça pèse 600 kg. Ça vous fait donc 6 tonnes de vaches. Eh bien, vous avez le même poids en vers de terre dans le sol ! C’est extraordinaire, c’est incroyable. Ça grouille de vie. »

Une agriculture qui respecte et favorise les sols vivants, tel est le credo de Jean-Marie Lioult. Crédit : Jérémy Lempin / WD.
Une agriculture qui respecte et favorise les sols vivants, tel est le credo de Jean-Marie Lioult. Crédit : Jérémy Lempin / WD.

Un sol avec moins de vie est, au contraire, un sol stressé. Dès qu’il pleut, il ressemble à une couche hermétique. « L’eau glisse dessus et pourrait même emporter le sol avec s’il pleut en abondance. Aujourd’hui, on perd beaucoup, beaucoup de sol. Dernièrement, chez un voisin, quand il a plu 70 mm en une heure – soit 70 litres d’eau par mètre carré – ça a raviné, parce qu’il y a des petites collines. C’est dommage, parce que ça venait d’être semé. Toute la terre s’est retrouvée en bas et il ne restait plus que des cailloux… On prend la mesure de ce qu’on a fait. C’est justement pour cela qu’il faut réapprendre à respecter le vivant et à cultiver d’une manière nouvelle. D’une façon qui démontre qu’on peut cultiver de grandes quantités sur de toutes petites surfaces. »

Une vision d’avenir durable

Grâce au Jardin est bien plus qu’une simple ferme biologique. C’est un lieu d’expérimentation et d’innovation où chaque geste vise à respecter et à protéger le vivant. Jean-Marie Lioult espère que son initiative inspirera d’autres projets similaires, prouvant que l’agriculture durable et l’insertion sociale peuvent aller de pair. En cultivant la terre avec soin et en partageant ses récoltes avec ceux qui en ont le plus besoin, Grâce au Jardin incarne une vision d’avenir résiliente et solidaire, où l’écologie est au service de l’humanité.

Sur les 7,5 hectares de terrain, Jean-Marie Lioult et son équipe pratiquent le couvert végétal. Crédit : Jérémy Lempin / WD.
Sur les 7,5 hectares de terrain, Jean-Marie Lioult et son équipe pratiquent le couvert végétal. Crédit : Jérémy Lempin / WD.

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