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Jean-Michel Cousteau : son appel pour sauver les océans

Il est tombé dans le bain tout gamin. À l’âge de 7 ans, Jean-Michel Cousteau fait sa première plongée, “poussé par-dessus bord” par son père, le commandant au bonnet rouge. Depuis, il n’a jamais cessé, et “ne cessera jamais de plonger”, promet-il en riant, depuis la Californie, où il a fondé l’association de protection de la nature Ocean Futures Society en 1999, deux ans après le décès du célèbre explorateur Jacques-Yves Cousteau.

À 83 ans, Jean-Michel est donc un fin observateur des univers marins. À bord de la Calypso, puis de l’Alcyone, de la Méditerranée à l’océan indien, le fils du commandant a mouillé son masque un peu partout. Et sa chemise bien souvent pour défendre “ce monde qu’il a appris à connaître, à aimer, donc à respecter et à protéger”.

Aujourd’hui, son constat est sombre. “J’ai vu que nos activités humaines mettent l’océan en danger, chaque jour davantage. On parle beaucoup du plastique, mais il existe bien d’autres menaces, la pollution par les médicaments, aux métaux… Nous sommes arrivés à un stade d’urgence tant écologique, économique que sanitaire”, témoigne lors d’un webinaire celui qui préside aussi l’association Green Cross France et Territoires.

Tout en rappelant “qu’en protégeant l’océan, on se préserve soi-même. Puisque plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons, et notre alimentation quotidienne en sont issus”.

Ce qui le pousse à lancer un appel international. Dans un livre d’abord, Sauvons nos océans ! (Éditions de l’Archipel), traduit en français fin novembre. Et dans un manifeste, rendu public ce mardi 7 décembre.

Une année cruciale pour les océans

Le timing est important. “La décennie à venir est cruciale pour sauver ces océans“, rappelle-t-il. Et si l’accord final de la COP26 s’est révélé décevant, d’autres rendez-vous stratégiques sont attendus prochainement. L’année 2022 verra notamment se tenir le One Ocean Summit à Brest du 9 au 11 février ; la conférence Our Ocean à Palau les 16 et 17 février ; la Monaco Ocean Week du 21 au 25 mars ; le Blue Climate Summit Tetiaroa du 14 au 21 mai ; la conférence des Nations-Unies sur l’Océan à Lisbonne fin juin.

“Ce ne peut plus être du ‘bla-bla’, demandons à nos dirigeants d’agir, maintenant, fermement”, lance Jean-Michel Cousteau. Car, bien loin d’être pessimiste, cet amoureux de la nature fait partie de ceux qui pensent qu’il n’est pas trop tard. “Nous pouvons encore nous retrousser les manches, il peut y avoir des solutions.” L’explorateur s’enthousiasme notamment pour “les inventions possibles liées au recyclage des déchets marins qui sont autant de ressources. Les grands potentiels des industries à imaginer, des inventions à faire”. Il cite aussi la révolution des communications “qui permet de prendre des décisions bien meilleures que celles prises par le passé.

Dès à présent, le fils du commandant demande donc aux chefs d’État – et en particulier à la France, qui prendra la présidence de l’Europe en 2022 – de mettre en œuvre les 10 engagements suivants (voir ci-dessous), d’ici un an.

Jean-Michel Cousteau se dit même prêt à voir le président Emmanuel Macron “quand il veut, pour mettre à sa disposition des informations et aider à prendre de meilleures décisions”. Ajoutant, toujours optimiste : “Aujourd’hui, les dirigeants ont l’occasion de devenir des héros !”

Pour lui, un combat de famille. Un hommage à la mémoire de son père bien sûr, mais aussi “une responsabilité”, dit-il, pour ses petits-enfants, bientôt en âge de plonger à leur tour. “Je veux pouvoir les regarder dans les yeux, leur dire que je fais ce que je peux.” 

Les 10 engagements de Jean-Michel Cousteau

· Zéro plastique. La fin effective du plastique jetable et un engagement pour que zéro plastique ne finisse dans l’océan.

· Zéro pêche illégale commercialisée. L’arrêt de la commercialisation du produit de la pêche illégale, et de toute pêche menacée au sens de l’UICN. Avec affichage obligatoire et systématique du statut de l’espèce commercialisée.

· Zéro cétacé en captivité. La fin de l’enfermement des cétacés et autres mammifères marins. Et le développement de sanctuaires pour la fin de vie des mammifères marins actuellement enfermés.

· Zéro exploitation minière des grands fonds. La signature et la ratification du moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins proposée à l’UICN lors du Congrès de Marseille.

· Une Méditerranée et un Pacifique Sud préservés. La classification en zone ECA (haute qualité de l’air) de l’ensemble de la Méditerranée et au moins 5 % de la Méditerranée en Aires Marines Protégées (AMP) budgétées et correctement gérées en 2022. Puis 10 % d’AMP correctement gérées en 2024. Une gestion de la Mer de Corail à la hauteur des enjeux évoqués par son plan de gestion en 2014 et non encore mis en place. Et la mise en réseau de nouvelles AMP y compris en Haute Mer dans le Pacifique Sud, par une coopération régionale accrue.

· Moins de bruit sous-marin. Un plan d’urgence priorisant la lutte contre le bruit sous-marin, en particulier sur le littoral.

· Des eaux de qualité. Une sanctuarisation de la qualité des eaux littorales, dans la continuité des #GreenCrossAct4Water.

· Un transport de marchandise basse émission et novateur. La labellisation d’un transport de marchandises maritimes “basses émissions”, visible du donneur d’ordre comme du consommateur, qui deviendrait la norme en Europe avant 2030. Et le développement du transport maritime à la voile comme moyen de propulsion principal ou secondaire. Ce par un plan de soutien opérationnel sur les 3 prochaines années.

· Des plans de relance écologiquement ambitieux. La priorisation des financements des plans de relance sur la préservation de l’océan et du littoral. Et l’arrêt définitif sur les marchés intérieurs et à l’exportation du tout financement public aux énergies fossiles et fissiles.

· Une humanité préservée. La réaffirmation que la dignité de l’humanité passe par le respect des droits humains et des écosystèmes en mer. Que ce soit dans les zones sous juridiction ou en haute mer.

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