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Jeux olympiques : Quel est l’impact carbone des compétitions ?

Levée de boucliers olympiques au Japon. À l’approche des JO de Tokyo, déjà reportés d’un an du fait de la pandémie, l’opposition gronde contre la tenue de la compétition alors que le pays est confronté à une 4e vague de Covid-19. Plus généralement, les Jeux olympiques suscitent une opposition croissante dans le monde pour une autre raison : leur impact écologique. Ce grand barnum déplace en effet des millions de personnes. Sans compter les installations pharaoniques qu’il faut construire, et les milliers de repas à offrir.

Le débat émerge vraiment dans les années 1970, et revient depuis à chaque édition. Au point que les candidatures de villes sont de moins en moins nombreuses. Devant cette opposition, les organisateurs ont bien impulsé des progrès ces dernières années, mais les objectifs fixés sont rarement tenus. De Vancouver en 2010 à Paris en 2024, retour sur 15 ans d’émissions carbone des JO.

Vancouver 2010 : le poids des canons à neige

En 2010, la métropole de la côte pacifique du Canada promet d’organiser les premiers JO “verts”. Des efforts sont au rendez-vous : le toit du bâtiment hébergeant les épreuves de patinage est par exemple construit à partir de pin récupéré. Des équipements sont chauffés par la chaleur des installations de réfrigération ou par l’usine locale de traitement des eaux usées.

Las, les aléas climatiques ruinent ces efforts. La neige vient à manquer. On l’achemine en camion et même en hélicoptère. Les canons à neige crachent à tout va. Au final, les Jeux auraient émis 15 % de moins que les éditions de même ampleur, mais tout de même 268 000 tonnes de CO2, un chiffre qui reste toutefois peu précis selon ce rapport.

Londres 2012 : premier vrai bilan carbone

Les Jeux olympiques de Londres marquent une nouvelle étape avec, pour la première fois, un véritable bilan carbone. Le cahier des charges, élaboré en collaboration avec WWF et BioRegional, fixe une série de 76 objectifs dont zéro émission de Co2, zéro déchet, une gestion durable de l’eau, une alimentation locale…

Certains efforts sont à saluer : 98 % des déchets liés à la construction sont par exemple réutilisés. Mais, seule 9 % de l’énergie consommée est issue de sources durables contre une promesse de 20 %, rappelle un rapport du think tank La Fabrique écologique. Résultat : Le bilan carbone final est de 3,5 millions de tonnes équivalent Co2.

Sotchi 2014 : sports d’hiver au bord de la mer

Sotchi, au bord de la mer Noire, en Russie, se situe à la même latitude que Marseille. Implanter les JO d’hiver dans cette station balnéaire demande donc des travaux colossaux. Pour deux semaines de compétitions, 400 km de routes, 70 ponts, 12 tunnels et un aéroport sont construits en plein milieu d’un parc naturel. En plus d’être un désastre écologique, ces Jeux se révèlent les plus chers de l’histoire. Certes, des infrastructures permettent d’accroitre le tourisme local mais aux dépens des espaces naturels, dénonce Greenpeace Russie. Le bilan, à prendre avec des pincettes, serait de 360 000 tonnes de Co2, selon les organisateurs.

À LIRE AUSSI : Après les Jeux olympiques, ces infrastructures tombées en ruine

Jeux olympiques de Rio 2016 : des voyageurs du monde entier

Lors des jeux de Rio en 2016, le comité d’organisation prend une nouvelle fois des engagements forts en faveur de l’environnement : la dépollution de la baie de Guanabara, de plusieurs lacs et une édition neutre en carbone. Pour atteindre cet objectif, 24 millions de plants d’arbres sont prévus. Or, seulement 5,5 millions sont mis en terre.

Par ailleurs des espaces naturels sont endommagés, notamment par le golf construit dans la zone de Barra da Tijuca, à Rio. Des infrastructures sont vite abandonnées. La venue de spectateurs du monde entiers, surtout, pèse sur le bilan carbone de ces Jeux : 3,6 millions de tonnes de Co2.

Pyeongchang 2018 : adieu forêt primaire

L’organisation coréenne fait à nouveau de la neutralité carbone une priorité. Les organisateurs misent sur les transports publics, la mise à disposition de voitures électriques. Des champs d’éoliennes sont construits pour alimenter les bâtiments olympiques. Le budget est cinq fois inférieur à celui de l’édition 2014. Cependant, encore 1,6 million de tonnes de Co2 est rejetée dans l’atmosphère. Comme à Vancouver en 2010, les efforts sont limités par l’utilisation de canons à neige. Pour construire des pistes de ski, les organisateurs rasent aussi l’une des rares forêts primaires de Corée.

Tokyo 2020 : une flamme à l’hydrogène

Les Jeux olympiques de Tokyo 2020 se veulent encore une fois les plus verts jamais organisés. Le comité mise sur les énergies vertes et les matériaux recyclables.

L’électricité utilisée sur tous les sites doit notamment être entièrement d’origine renouvelable. Les médailles sont fabriquées en métaux recyclés. Les podiums à partir de déchets.

La flamme, elle, devrait brûler à l’hydrogène, qui n’émet pas de Co2…Si les Jeux ont lieu.

JO de Paris 2024 : Deux fois moins de CO2 ?

Anne Hidalgo a posé comme préalable à la candidature de Paris d’une faire une manifestation respectueuse de l’environnement. L’objectif est de 1,56 million de tonnes de Co2, soit la moitié des émissions des JO de Londres ou Rio.

Atout majeur du dossier parisien : 95 % des équipements existent déjà. Les constructions sont censées se faire en matériaux durables et trouver une nouvelle vie après les épreuves. La capitale table aussi sur des visiteurs à 95 % européens dont une bonne moitié de Français. Paris vise aussi le zéro déchet et des repas en circuit court, une flotte de transports propres. En outre, 30 millions d’euros sont prévus pour la compensation climatique. Reste à voir si Paris saura, elle, tenir ses promesses et remporter cette première épreuve, celle de l’écologie.

À LIRE AUSSI : Les JO de Paris 2024 décrocheront-ils la médaille verte?

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