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La pollution humaine atteint des profondeurs inédites, à 10 kilomètres sous les mers

Plus aucun endroit du monde n’est épargné de l’impact de l’homme, pas même les fosses océaniques les plus profondes du monde. C’est ce que viennent de découvrir des scientifiques britanniques grâce à un petit crustacé.

Le 03/03/2017 par Sofia Colla
Plus aucun endroit du monde n’est épargné de l’impact de l’homme, pas même les fosses océaniques les plus profondes du monde. C'est ce que viennent de découvrir des scientifiques britanniques grâce à un petit crustacé.
Plus aucun endroit du monde n’est épargné de l’impact de l’homme, pas même les fosses océaniques les plus profondes du monde. C'est ce que viennent de découvrir des scientifiques britanniques grâce à un petit crustacé.

La pollution marine n’est plus un secret pour personne. L’UNESCO recense la mort de plus de 100 000 mammifères marins chaque année. Tout aussi alarmant, on dénombre 500 “zones mortes” dans les océans, dont la surface totale est égale à la taille du Royaume-Uni.

Mais qui aurait pu imaginer que des espaces marins situés à 10 000 mètres de profondeur et quasi-inaccessibles puissent eux aussi être souillés par les activités humaines ?

Une étude menée par des chercheurs britanniques vient pourtant de le révéler. Elle a été réalisée dans le Pacifique, dans les deux fosses les plus profondes au monde : celle des Mariannes (entre les Philippines et le Japon), et celle des Kermadec (au nord de la Nouvelle-Zélande).
 

Publiée le 13 février dans la revue Nature Ecology & Evolution, l’étude dévoile l’existence de hautes doses de PCB (polychlorobiphényle) et de PBDE (polybromodiphényléthers) dans ces fosses. Avec des niveaux de concentration 50 fois plus élevés que dans le fleuve Liao, en Chine, ou la baie de Suruga, au Japon, qui comptent pourtant parmi les lieux les plus pollués de la planète.

Le PCB et le PBDE entrent dans la catégorie des “polluants organiques persistants” (POP), ils sont notamment issus d’appareils électriques et de l’industrie pétrolière. Entre les années 1930 et 1970, la production mondiale de ces POP, aujourd’hui interdits, s’est chiffrée à 1,3 million de tonnes, dont actuellement “35 % se retrouvent sur les côtes et en haute mer”.
 

“Ces polluants ne se dégradent pas naturellement et persistent donc dans l’environnement pendant des décennies. En outre, ils peuvent se propager sur de grandes distances.”

Une expédition scientifique des plus complexes

L’étude a été menée grâce à des robots télécommandés depuis la surface, qui ont pu prélever de l’eau dans ces zones dites “hadales” (à partir de moins 6 000 mètres). Une opération répétée à plusieurs niveaux de profondeur, qui a permis d’examiner de petits crustacés de la famille des amphipodes, se nourrissant de détritus.

Ce sont ces derniers qui ont permis aux scientifiques de mesurer les niveaux de pollution : “Les polluants pénétrant en haute mer sont déposés dans les sédiments et peuvent facilement s’accumuler dans la chaîne alimentaire”.
 

“La constatation la plus importante était que les PCB et les PBDE étaient présents dans tous les échantillons de toutes les espèces à toutes les profondeurs dans les deux fosses.”

Une expédition scientifique des plus complexes, sachant que le point le plus profond de la fosse des Mariannes, appelé Challenger Deep, atteint moins 10 994 mètres ! À une telle profondeur, la pression est plus de 1 000 fois supérieure à celle de l’atmosphère. Seulement trois hommes, en 2012, ont atteint le point le plus profond du monde : les deux scientifiques James Gardner et Andrew Armstrong, et le cinéaste James Cameron.

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