Partager la publication "Lyon : naissance du premier îlot français à énergie positive"
L’ensemble est conçu pour consommer 50 % à 60 % de moins que ce qu’impose la réglementation thermique actuelle et produire environ 0,2 % d’énergie supplémentaire. La clé de cette réussite : une architecture bioclimatique, qui fait la part belle à la lumière et à la ventilation naturelle.
“L’innovation énergétique est notre fil conducteur, explique Benoît Bardet, directeur adjoint de la société publique chargée d’aménager le nouveau quartier. Elle trouve un point d’orgue avec Hikari, un démonstrateur de ce qu’on est capable de faire aujourd’hui.”
Cycles d’utilisation de l’énergie
Construit par Bouygues Immobilier, Hikari se compose de trois bâtiments, sur une surface totale de 12 800 mètres carrés. Le premier abrite des bureaux, loués au cabinet international d’expertise comptable Deloitte. Le second comprend 32 logements, alors que le troisième accueille des activités tertiaires, tout en étant surmonté de quatre “villas” en duplex. On y trouve également 88 places de parking.
“On s’y retrouve en mêlant bureaux et logements car on n’a pas les mêmes cycles d’utilisation de l’énergie”, explique Benoît Bardet. Lorsque les bureaux sont désertés la nuit, en effet, l’occupation des logements est maximale, et inversement.
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) recense 333 bâtiments “à énergie positive” en service ou sur le point d’être livrés en France. Avec beaucoup de maisons individuelles et d’écoles. De plus en plus de bureaux. Mais jusqu’à ce jour, pas d’ensemble associant bureaux, commerce et habitations.
Le calcul de la juste production d’énergie
Signifiant “lumière” en japonais, Hikari est l’oeuvre du Nippon Kengo Kuma, architecte de la lumière et de la transparence. Bien plus onéreux qu’un programme immobilier classique, le projet a également bénéficié d’une aide importante du Nedo (l’Ademe japonais), alors que Toshiba a été retenu comme chef de file de sa partie industrielle.
Les toits des bâtiments, de même que l’une de ses façades, sont recouverts de cellules photovoltaïques. La géothermie est également utilisée pour la production de froid, de même que l’énergie excédentaire est stockée et restituée par le biais d’une pile à combustible. De son côté, l’éclairage est assuré par des LED dernière génération.
L’ensemble est tapissé de capteurs et autres gadgets “made in Japan”, qui permettent, par exemple, aux stores de se relever automatiquement lorsqu’on pénètre dans son bureau. Le tout piloté de manière centralisé pour calculer en temps réel et au plus juste la production d’énergie nécessaire. “Le bâtiment sent ses habitants et s’adapte à eux”, résume-t-on chez Toshiba.
La Troisième révolution industrielle
À noter qu’une partie des besoins énergétiques du bâtiment est assurée par une petite centrale à cogénération tournant à l’huile de colza et qu’une chaudière à gaz est également prévue en cas d’urgence.
Si l’engouement autour de ce type de projet s’explique en partie par des arguments marketing, ce projet illustre la “prise de conscience” des groupes de BTP, confrontés au durcissement des normes, estime Maeva Tholance, ingénieure spécialiste du dossier à l’Ademe. Si les résultats de ce démonstrateurs s’avéraient concluant, nulle doute que cela encouragerait davantage de grands groupes à s’engager dans la Troisième révolution industrielle.