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Makis « radioactifs » et Japonais en colère pour l’anniversaire de Fukushima

Collectifs, partis politiques et citoyens ont manifesté, hier, à Paris, leur opposition au nucléaire. L’occasion d’alerter sur les conséquences écologiques de l’explosion de la centrale de Fukushima, trois ans jour pour jour après le drame.

Le 12/03/2014 par WeDemain
Une parisienne se laisse tenter par un sashimi au césium
Une parisienne se laisse tenter par un sashimi au césium

« Bonjour Madame. Voulez vous goûter à de délicieux poissons péchés au large de Fukushima ? » Mardi 11 mars, la place de la Bastille, à Paris, accueillait un marché aux saveurs atomiques. Déguisés en lobbyistes d’Areva, costard-cravate et pin’s à effigie de leur société, et en agents de maintenance nucléaire, quatre membres du collectif Sauvons les riches proposent aux passants makis et sashimis de poissons « contaminés au Césium ». Tous ne goutent pas au poisson, ni d’ailleurs à la blague. Sortie d’une « grave maladie », une passante s’emporte : « j’ai vraiment du mal à saisir votre humour ». Aux terrasses des cafés, de sortie en ce printemps précoce, le repas radioactif peine aussi à trouver preneur.

« Nous avons passé un partenariat avec Tepco (opérateur de la centrale de Fukushima) et voulons vous montrer que le nucléaire n’est pas dangereux. Vous voyez bien que cette crevette a une couleur normale ! », ironise l’un des militants du collectif devant un Parisien hésitant… qui finira par se laisser tenter. Et le militant de conclure : « en France, on est très bien situés : que ce soit dans le Nord à Flamanville, ou le long du Rhône, il a des zones où l’on pourrait pêcher des poissons bien plus gros moyennant un peu de radioactivité. »
 
Trois ans jour pour jour après l’explosion de la centrale japonaise, le happening vise à sensibiliser par l’humour. « On a besoin d’ironie en France pour éveiller les consciences. On a pas encore réalisé que nous aussi pourrions vivre un accident et voir des zones entières contaminés pour des dizaines d’années », explique Arthur, du collectif. Un manque de lucidité que reflète, estime Manuel, le manque de volonté du pouvoir en place. « Réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50 % d’ici 2025, c’est insuffisant. Il faut prendre en compte le temps d’arrêt et de démantèlement des centrales. »

Vers midi, un rassemblement plus solennel prend le relais. Europe-Écologie-Les-Verts (EELV) investit les marches de l’Opéra Bastille pour une minute de silence à la mémoire des victimes de Fukushima. « Il y a aura malheureusement d’autres anniversaires à fêter, déplore Christophe Najdovski, candidat EELV à la Mairie de Paris. Le nucléaire génère une pollution insidieuse, avec des conséquences sur la santé à long terme. » Parmi les autres écologistes présents, Pascal Durand, secrétaire national d’EELV et Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat.

Puis c’est Yûki Takahata, une Japonaise de Paris, qui prend le micro pour parler du quotidien des populations déplacées suite à l’explosion de la centrale, tiraillées entre le patriotisme et la peur, et parfois victimes de discriminations. « Les conséquences sanitaires peuvent se manifester dans 20 ou 30 ans chez les populations irradiées. Les jeunes filles pensent qu’elles ne pourront pas avoir d’enfants. Il sera difficile pour elles de trouver un mari. »

Elle relaie l’écœurement de certains Japonais devant l’organisation des JO de Tokyo en 2020. Une façon de « faire comme si Fukushima n’avait pas eu lieu », alors que la capitale du Japon n’est pas si éloignée des zones irradiées. Avec Yuri Takaraka, une dizaine d’autres japonais sont venus manifester devant l’Opéra.

« Il faudrait fermer Fessenheim, située sur une zone sismique, le plus vite possible, appelle Christophe Nadjosvki. Les moyens mis sur la table sont insuffisants pour une vraie transition vers les énergies renouvelables. » Laurence Hugues, candidate écologiste à la mairie du 3e arrondissement de Paris, rappelle au passage qu’Areva projette de construire le plus gros EPR du monde sur la zone sismique de Jaitapur, en Inde. La bonne nouvelle, selon elle, est l’avancée d’une prise de conscience citoyenne. « Le nucléaire a longtemps représenté l’excellence et le savoir-faire. Mais Fukushima a ébranlé les certitudes. Il faut malheureusement parfois des catastrophes pour que les mentalités bougent. » Peu de citoyens lambda avaient cependant fait le déplacement pour cet hommage aux victimes.

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