Partager la publication "« On peut lutter contre le chômage et préserver l’environnement en produisant de la bonne nourriture »"
Comment passer à la vitesse supérieure ?
Il faut mettre en avant les services rendus à l’environnement par les exploitations écologiques. En Allemagne, la Bavière a fait face à une énorme pollution aux nitrates dans les années 1980. La région a alors dû faire un choix : redimensionner la station de traitement de l’eau pour plusieurs millions d’euros ou subventionner les agriculteurs pour qu’ils passent au bio. C’est cette seconde option qui a été retenue, parce qu’elle coutait moins cher. Cinq ans après, l’eau était redevenue de très bonne qualité.
C’est justement dans cette idée, de mise à l’épreuve des principes de la permaculture, que vous expérimentez depuis un an un projet de micro ferme. Cela fonctionne ?
Oui ! J’ai lancé l’association Fermes d’avenir, qui vise à montrer l’efficacité de l’agriculture naturelle sur petite surface. On a monté une ferme en Touraine, hébergée par Louis Albert de Broglie (Lire We Demain n°6). Le coût de la mise en place de cette ferme, entre 80 000 et 120 000 euros terrain compris, est inférieur au prix d’un tracteur ! Surtout, cette ferme ne consomme pas de pétrole, tout en étant plus productive par unité de surface qu’une exploitation traditionnelle.
Il s’agit donc de tenir un discours rationnel et réaliste.
Tout à fait ! Vu la crise écologique que l’on traverse, on n’a plus de temps pour la poésie. On ne va pas demander aux gens de vivre dans des yourtes et de compter sur la charité des autres. Il faut des modèles qui tiennent la route. C’est pour ça que Blue Bees tient à rémunérer les internautes qui soutiennent ses projets. Tous les projets que la plateforme propose sont des projets de citoyens qui veulent changer le monde de manière réaliste. La preuve : Francois Lemarchand, le fondateur de Natures et Découverte, est entré au capital de Blue Bees à hauteur de 30 %. C’est un businessman avec des valeurs.
On a compris que cette nouvelle agriculture est capable de générer une production conséquente, tout en préservant l’environnement. Mais qu’en est-il sur le front de l’emploi ?
Il est important de montrer qu’une agriculture responsable permet de créer énormément d’emplois. Nous avons le projet de former des entrepreneurs pour qu’ils créent un réseau de 1 000 micro fermes à travers la France. On peut produire de la bonne nourriture, soigner l’environnement, et combattre le chômage tout en soutenant d’autres viviers de solutions comme le réseau de distribution La Ruche qui dit Oui.
Quels sont les prochains défis pour Blue Bees ?
D’abord, se faire connaître. On a en face de nous des banques comme HSBC, qui placarde les aéroports avec les pubs. On n’a pas ces moyens là. Nous allons aussi monter un fonds de garantie avec des institutions qui viendront sécuriser les prêts des emprunteurs dès lors que les projets financés sont d’intérêt général.
Propos recueillis par :
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