Partager la publication "Ours, koala, pollution… Quelles images du réchauffement nous marquent le plus ?"
Illustrer les dérèglements écologiques n’est pas toujours évident. D’une part, parce que certains problèmes, comme la pollution de l’air ou la disparition des espèces, ne s’observent pas si facilement. D’où, peut-être, la tentation de montrer des fumées d’usine lorsqu’on évoque la pollution, ou des clichés d’ours polaires pour parler réchauffement global. Des images qui suscitent a priori la sympathie, mais qui peuvent sembler abstraites.
Toutefois, de plus en plus de photographes cherchent à illustrer ces questions climatiques. L’agence photographique britannique Climate Visuals, spécialiste de cette thématique, a même réalisé des enquêtes pionnières et riches en enseignements sur la perception des images du réchauffement.
La pollution de l’air, sujet qui inquiète le plus
La dernière en date, publiée le 18 février, a été menée auprès d’un panel représentatif de 1 000 Britanniques. Elle nous apprend que les images de pollution de l’air sont celles qui interpellent et préoccupent le plus. Les sondés se montrent moins inquiet devant des images de canicules, d’inondations ou d’épidémies – encore et toujours perçus comme des problèmes affectant les pays non-occidentaux.
De cette étude, on retient aussi que les histoires visuelles très incarnées, montrant les conséquences du réchauffement sur des individus bien réels et identifiés – par exemple une personne souffrant de problèmes respiratoires – retiennent davantage l’attention que des images mises en scènes – un modèle portant un masque, par exemple – ou de lointaines fumées d’usine.
Cette étude de 2015 révélait aussi que nous sommes plus sensibles aux images de dérives collectives qu’individuelles. Par exemple, une autoroute congestionnée plutôt qu’un conducteur seul dans sa voiture. Enfin, notons que les images de manifestations ou de happening écologistes sont bien perçues par les militants les plus convaincus, mais peuvent susciter du cynisme ou du rejet chez les autres.
Des images positives pour passer à l’action
Car la perception varie évidemment selon les publics interrogés. C’est ce que détaillait une étude réalisée en France en 2017 en partenariat avec Climate Visuals, l’Ademe et l’institut de sondage BVA. Les personnes les plus indifférentes à l’écologie avaient davantage tendance à se détourner des images anxiogènes ou à forte charge émotionnelle, et semblaient plus réceptives aux images positives, aux solutions concrètes liées à la mobilité, à la consommation ou à l’énergie par exemple.
Ajoutant : “Il est donc important d’associer le plus possible aux images de désordres écologiques des images positives de solutions concrètes, qui apportent un bénéfice individuel. Malheureusement, les images culpabilisantes, et les appels à la protection du bien collectif fonctionnent moins comme moteur d’action.”
Le chercheur reconnaît toutefois que la situation peut évoluer dans le temps. La forte médiatisation des questions climatiques depuis un an, la multiplication notamment des études scientifiques alarmantes, pourraient rendre les images anxiogènes plus “acceptables”.
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