Partager la publication "Pérou : elle sauve les terres de son peuple d’un projet de barrage géant"
Ruth Buendía a 12 ans, lorsqu’en 1990, les guérilléros maoïstes péruviens s’attaquent aux siens. Comme des milliers d’autres aborigènes Asháninka, son père est assassiné. Comme des milliers d’autres Asháninka, Ruth doit fuir.
C’est début 2000, alors qu’elle travaille chez un marchand de jus de fruits de la petite ville de Satipo, que Ruth est reconnue par l’un des siens. Il l’incite à rejoindre CARE, une organisation de défense de la culture Asháninka. Cette rencontre décide Ruth à retourner vers ses racines. Elle s’investit dans l’ONG en aidant les aborigènes à obtenir le droit à l’éducation et au service public, prévus par la loi péruvienne, et rencontre plusieurs chefs de tribus, qui avaient connu son père. En 2005, elle devient la première femme à présider CARE.
Droit à la terre
Peu après son élection, Ruth prend connaissance d’un l’accord bilatéral passé entre la compagnie d’hydroélectricité Pakitzapango et le gouvernement péruvien. Il prévoit la construction d’un immense barrage sur la rivière Ene. Les demandes d’informations supplémentaires qu’elle adresse au ministère de l’Énergie restent lettre morte. Avec son équipe, la présidente du CARE réalise alors une simulation numérique des conséquences du barrage sur la région. Les conclusions sont claires : des milliers d’Asháninkas risquent d’être déplacés. Ruth se refuse à revivre l’exil de son peuple.
Ruth commence alors à organiser des réunions et à unir son peuple contre l’édification du barrage. Elle se rend aussi à Washington, pour plaider la cause des Asháninkas devant la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme. En décembre 2010, le ministère péruvien de l’Énergie rejette la demande de Pakitzapango. L’année d’après, c’est Odebrecht, actionnaire principal d’un autre barrage dans la région, qui fait marche arrière, au nom du respect des populations locales.
Aujourd’hui, Ruth travaille à faire reconnaître légalement les droits fonciers de son peuple. L’ONG CARE élabore un plan de développement économique durable pour les terres des Asháninkas, via notamment la culture du café et du cacao.
En Avril, Ruth a été récompensé du Prix Goldman de l’environnement pour son engagement. Elle a reçu 175 000 dollars pour l’aider à continuer son combat.
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Côme Bastin Journaliste We Demain Twitter : @Come_Bastin