Pour réduire de moitié l’usage de pesticides d’ici 2025, un réseau de fermes s’engage

L’indépendance vis à vis des intrants chimiques s’impose petit à petit comme un défi majeur pour les agriculteurs. Lancé en 2008 par le ministère de l’agriculture, le plan Écophyto affichait de grandes ambitions sur l’utilisation des produits phytosanitaires. Peut-être même trop grandes. Car si le ministère visait à l’époque une baisse de 50 % de l’utilisation de ces traitements d’ici 2018, il a revu son objectif en 2015 dans le cadre du plan Écophyto 2 : 25 % de pesticides en moins en 2020 et 50 % en 2025.
 
C’est pour atteindre ce but que s’est formé Déphy, un réseau d’exploitants agricoles qui promeut un usage plus raisonné des traitements chimiques. Sa stratégie ? Favoriser le partage de connaissances sur les alternatives possibles. Chaque exploitation est accompagnée par un ingénieur pour progresser en ce sens. Selon les meneurs du projet, le nouvel objectif du gouvernement n’est pas hors d’atteinte. “Le plan Écophyto a cassé un mythe machiniste”, se félicite Émeric Pillet, l’un des coordinateurs du réseau.

À ses débuts en 2009, le réseau comptait 180 exploitations. En 2013, il en fédérait 1 900, issues de toutes les filières. Ses coordinateurs espèrent désormais approcher les 3 000 membres d’ici la fin de l’année. Des chiffres en nette progression, mais encore faibles au regard du nombre d’exploitations en France, estimé à 436 000 en 2015 par l’Agreste, le service public de statistiques ministérielles dédié à l’agriculture et à l’agroalimentaire.

Un plan réaliste pour les grandes exploitations

Il n’empêche, la dynamique est lancée et les adhérents à Déphy observent déjà des résultats encourageants. À l’image de Jean Maillard, exploitant en grandes cultures en Seine-Maritime. Entré dans le réseau en 2010, il enregistrait en 2014 une réduction moyenne de 22 % de l’usage de pesticides sur ses cultures, grâce à des solutions diverses : décalage des dates de semis, utilisation de variétés plus résistantes, désherbage mécanique…

L’agriculteur a ainsi vu croître son produit brut, malgré l’augmentation de certaines de ses dépenses et de son temps de travail. “L’aspect économique est essentiel dans nos réflexions. La réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires peut être viable”, assure Émeric Pillet.
 
Certaines exploitations rejoignent le réseau dans le but de se convertir progressivement à l’agriculture biologique ou d’accéder, à terme, à des labels de qualité comme la certification Haute Valeur Environnementale. La démarche peut paraitre timide par rapport à d’autres modèles d’agriculture écologique, voire de permaculture. Mais elle permet d’inclure les nombreux agriculteurs souhaitant s’engager dans une transition progressive, ainsi que les grandes exploitations voulant faire un usage plus raisonné des traitements chimiques. Dans le mouvement vers des modes de culture plus durables, le réseau Déphy a choisi sa méthode : le réalisme.

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