Partager la publication "Pour sauver les abeilles, ils inventent la ruche-robinet à miel"
En seulement quarante-huit heures, deux apiculteurs australiens, Stuart et Cedar Anderson (un père et son fils), ont réussi à collecter deux millions de dollars sur Indiegogo pour financer leur idée novatrice : la création d’une ruche à robinet. Le concept ? Laisser les abeilles faire leur travail tranquillement, sans interférence humaine, en extrayant leur miel à travers un robinet.
Testée pendant dix ans, cette technique d’auto-harvesting (« récolte automatique ») contournerait l’un des inconvénients des ruches traditionnelles : l’intrusion de l’Homme dans l’habitat naturel de l’espèce. Celle-ci génère du stress chez l’insecte (et donc chez l’apiculteur), puisqu’elle nécessite habituellement d’étourdir les abeilles afin de pouvoir ouvrir les couches d’alvéoles avec un couteau chaud.
Une technique « révolutionnaire »
Résultats ? Moins de piqures, fini les abeilles écrasées et une récolte facilitée des différents miels en fonction des saisons. En bref, une technique qui, selon ses promoteurs, permet de récolter du miel tout en préservant une espèce fortement menacée.
Scepticisme chez certains apiculteurs
En Belgique, l’apiculteur et éthologue Simonpierre Delorme va plus loin : il dénonce « un moyen de se faire de l’argent » en surfant sur un mouvement « tendance ». Cité par Levif.be., il y voit même un processus contreproductif : peu sain et « source de stress » supplémentaire pour l’insecte.
« Les abeilles sont programmées pour produire de la cire à une certaine époque de leur vie. (… ) Si on ne leur laisse pas assez de place pour qu’elles aient la chance de l’utiliser, cela va pousser les abeilles à l’essaimage (quand une partie des abeilles quitte la ruche avec une reine pour former une nouvelle colonie) », jure-t-il.
En cause notamment, les pesticides, la monoculture, le changement climatique, la multiplication des émissions électromagnétiques et la pollution, qui conduisent non seulement à des pathologies et infections parasitaires, mais aussi à l’émergence de nouveaux prédateurs ou d’espèces invasives, ainsi qu’à la réduction de ressources de nectar et de pollen.
Lara Charmeil
Journaliste à We Demain
Twitter : @LaraCharmeil