Partager la publication "Pour Stein van Oosteren, l’avenir de la France sera cyclable ou ne sera pas"
“Il y a un autre monde, mais il est dans celui-ci”. Stein van Oosteren, attaché diplomatique, philosophe et porte-parole du collectif Vélo Île-de-France, a fait sienne cette citation à l’écrivain Paul Éluard pour évoquer un autre monde de mobilité, déjà présent mais invisible aux yeux de beaucoup. À l’occasion du premier Forum de l’Économie Légère, organisé par WE DEMAIN, l’auteur de Pourquoi pas le vélo ? était convié à parler “mobilité légère”, loin de la lourdeur des trajets en voiture.
Lors de cette intervention vibrante, il a dressé les grandes lignes d’un avenir où le vélo devient un pilier de la transition écologique et urbaine. Pour le franco-néerlandais Stein van Oosteren, le vélo incarne cet avenir désirable : une mobilité légère, moins polluante, moins coûteuse, et plus humaine. Pourtant, malgré les avantages évidents, il déplore que la France soit encore loin de cette vision.
La voiture, dans son modèle actuel, représente le filtre obsolète qui nous empêche, comme l’évoque Paul Éluard, de voir l’autre monde… qui existe déjà. Il rappelle que la voiture est coûteuse, inefficace et nuisible, tant pour l’économie que pour la santé publique. “Les bouchons coûtent 20 milliards d’euros de productivité chaque année à l’économie française, tandis que les accidents coûtent 50 milliards.”
Et de rappeler un fait irréfutable : “La voiture brûle votre argent et vous fait gagner du poids. Le vélo brûle votre graisse et vous fait gagner de l’argent.” L’analyse de Stein van Oosteren est sans appel : la mobilité lourde n’est plus tenable. Avec un coût annuel de 6 000 euros par ménage pour la voiture, il est grand temps de reconsidérer notre modèle de mobilité. “Nous utilisons 10 % de notre PIB pour un parc automobile qui reste à l’arrêt 96 % du temps. Ce système est à bout de souffle, et il est temps de le remplacer par une mobilité plus légère et plus efficiente”.
“Nous utilisons 10 % de notre PIB pour un parc automobile qui reste à l’arrêt 96 % du temps.”
Pour le spécialiste de la mobilité douce, le vélo présente une alternative non seulement viable, mais vertueuse. “Un kilomètre parcouru à vélo rapporte 26 centimes à la collectivité, alors qu’un kilomètre en voiture lui coûte 89 centimes”, a-t-il affirmé. En améliorant notamment la santé des usagers, le vélo présente en effet bien des avantages.
Mais la transition vers une France cyclable est-elle possible ? Stein van Oosteren en est persuadé et a pris exemple sur les villes qui ont réussi cette transition. Il a notamment mentionné Amsterdam, un modèle de ville cyclable qui était un temps de la voiture dans les années 70. Même chose pour Pontevedra, dans le nord-ouest de l’Espagne, où l’usage de la voiture a chuté de 90 % en quelques décennies, prouvant que ce changement est possible même dans les villes plus petites et à “l’esprit latin”.
Au-delà des bénéfices environnementaux et de santé publique, Stein van Oosteren met en avant l’immense potentiel économique du vélo. Aujourd’hui, avec une part modale de seulement 3 % des déplacements, l’économie du vélo pèse déjà 29,5 milliards d’euros par an en France. “Imaginez ce que nous pourrions accomplir si nous atteignions ne serait-ce que 10 %”, a-t-il insisté.
Pour cela, le diplomate appelle à une refonte des politiques publiques, notamment en matière d’infrastructures. Il salue les initiatives comme celle de la mairie de Paris, qui a transformé la ville en ajoutant nombre de kilomètres de pistes cyclables depuis quelques années, sous l’impulsion d’Anne Hidalgo. Le Covid puis la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques ont été l’occasion d’accélération la transition en la matière. Et le succès est au rendez-vous avec un nombre de cyclistes en nette hausse dans la capitale. Mieux : on voit de plus en plus d’enfants pédaler dans les rues de la ville, chose impensable il y a encore quelques années.
Stein van Oosteren voit dans cette transition vers la mobilité légère un changement de paradigme plus large. “Le vélo n’est que la partie émergée de l’iceberg, explique-t-il. Cette mutation va au-delà du simple fait de troquer la voiture pour le vélo. Il s’agit de repenser la ville et l’économie en fonction des besoins humains et non plus des besoins automobiles. Nous allons vers une ville qui répond à la question de quoi a besoin l’humain. Et l’humain a besoin d’un espace calme, beau, sécurisé et accessible.”
Ainsi, le vélo devient le symbole d’une nouvelle ère, une économie légère, plus résiliente et désirable. Un modèle où chacun, qu’il soit citoyen, entrepreneur ou décideur, peut contribuer à bâtir ce futur cyclable, déjà présent, mais encore à dévoiler.
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