Alvaro Maciel, membre de Revolusolar, oeuvre à équiper les favelas en énergie solaire. Crédit : DR.
Partager la publication "“Produire notre propre énergie dans les favelas, c’est l’espoir d’un monde meilleur”"
Âgé de 39 ans, Alvaro Maciel, le fondateur de Revolusolar et aujourd’hui animateur de Percília e Lúcio, première coopérative pour l’énergie solaire dans les favelas, est aujourd’hui entrepreneur indépendant spécialisé en développement et impact communautaire. À Rio de Janeiro, au Brésil, il veut fédérer les acteurs de terrain pour créer des synergies entre favelas et échanger sur les bonnes pratiques.
Revolusolar est une association à but non lucratif fondée en 2015 créée pour mener des projets d’énergie solaire sociale. Depuis 2021, elle a créé la première coopérative d’énergie solaire dans une favela. Elle y installe des panneaux solaires sur les maisons des résidents et sur des bâtiments collectifs, améliorant ainsi la gestion énergétique de la population de Babilônia. Le but est non seulement de leur faire gagner du pouvoir d’achat mais aussi de former et fournir des emplois qualifiés à des jeunes issus de la favela. Enfin, Revolusolar entend sensibiliser et les habitants des favelas, y compris les enfants; aux questions environnementales. WE DEMAIN a rencontré Alvaro Maciel Junior rencontré à Rio de Janeiro.
Après l’arrivée du “programme de pacification des favelas”, pendant la période des Jeux Olympiques, de la Coupe du Monde de football et de la visite du Pape, nous avons vu les services d’électricité, d’internet et de télévision par câble se déployer dans toutes les maisons. Au début, nous pensions que ce serait bénéfique, mais il est vite devenu évident que nous étions la cible des grandes compagnies qui ne nous considéraient que comme un marché de consommation. Dans le cas de l’électricité, ces grands groupes se permettaient de “facturer” rétroactivement une consommation du passé fait de détournements d’énergie non réglés – générant ainsi des factures élevées, certaines atteignant plus de 40 % du salaire minimum. Cela a conduit de nombreux habitants à s’organiser pour tenter de négocier avec le fournisseur.
Je n’avais pas encore 30 ans et j’observais tout cela avec indignation. C’est lors d’une conversation avec un résident belge, Pol, qui nous a raconté son expérience de coopérative énergétique à Antwerpen en Belgique. Avec Augustin, un ingénieur français, tous les trois, assis au sommet de la colline, nous avons rêvé d’une coopérative énergétique produisant sa propre électricité et la partageant avec les habitants, évoluant de façon associative et à but non lucratif. À ce moment-là, la solution envisagée pour la production d’énergie était le photovoltaïque, c’est-à-dire les panneaux solaires.
Les travaux ont débuté en 2015 et ont rencontré de nombreuses difficultés comme la méconnaissance. La situation a commencé à évoluer avec l’arrivée de bénévoles venus de divers pays, qui se sont investis presque à temps plein dans la recherche d’informations et de solutions pour concrétiser notre projet. Juan, Uruguayen, et Pierre, Français, se sont particulièrement distingués, unissant leurs forces avec de jeunes issus d’universités voisines et la résilience intrinsèque à la favela.
Jusqu’alors, nous avions mené quelques études de recensement dans les favelas de Babilônia et Chapéu Mangueira, donné des cours de base pour devenir électricien et installateur de centrales photovoltaïques, et organisé des événements de sensibilisation à l’efficacité énergétique. Grâce à l’appui de ces nouveaux partenaires, nous avons construit nos premières installations photovoltaïques et commencé à expérimenter l’arrivée de l’énergie solaire dans la favela. Aujourd’hui, nous comptons cinq centrales et 50 familles bénéficiaires, avec l’objectif d’atteindre 150 familles d’ici la fin de 2025, confirmant ainsi une croissance exponentielle.
Les entreprises imposent des tarifs que nous ne sommes pas toujours en mesure d’assumer, nous plongeant dans une pauvreté plus grande qu’avant d’avoir l’accès à ces services. La transition écologique, produire notre propre énergie solaire, signifie, à mon avis, l’espoir d’un monde meilleur. Ce serait un rêve que les grandes entreprises et institutions nous considèrent comme partie intégrante de la solution à un problème qui touche tout le monde à l’échelle mondiale : la quête de l’énergie et la réduction de la pollution qui en découle.
Nous devons diversifier nos sources de production et nous explorons de nouvelles technologies tout en attirant de nouveaux partenaires capables de s’adapter à la géographie d’une favela située sur une montagne, face à la mer. Parallèlement, j’organise la mise en place d’une structure de communication, convaincu de l’importance de partager notre travail, de donner la parole à nos leaders et d’inspirer des initiatives similaires dans d’autres communautés, villages ou tribus – peu importe où, pour multiplier les idées positives en faveur de la production locale et de la gestion communautaire.
SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.
Face aux critiques croissantes contre l'aquaculture intensive des saumons, deux voies émergent pour rendre la…
Et si on essayait de vivre l’hiver autrement ? Par choix plus que par nécessité,…
Après un an et demi d’arrêt forcé, la liaison ferroviaire Paris-Milan vient enfin de reprendre,…
Jeudi 3 avril, des milliers de personnes – agents publics, étudiant·es, chercheur·ses et leurs soutiens…
Longtemps insaisissables, les nuages fascinent autant les scientifiques que les artistes, tous désireux de capturer…
L’été 2022 a laissé une cicatrice profonde dans la forêt des Landes. Entre manque d’anticipation,…