Partager la publication "Protect Our Winters (POW) : “En montagne, la mobilité pèse pour 57 % des émissions de CO2”"
Fondée en 2007 par l’Américain Jeremy Jones, un snowboarder professionnel, l’ONG Protect Our Winters (POW) possède pas moins de 16 antennes dans le monde, dont une en France depuis 2015. Cette organisation rassemble la communauté des pratiquants et pratiquantes de sports outdoor et de passionnés de montagne pour agir en faveur du climat et lutter contre le réchauffement climatique. Ce sont quelque 160 000 personnes qui sont engagées à travers le monde dans cette démarche.
L’impact du dérèglement climatique actuel est particulièrement fort sur les montagnes et glaciers, notamment en Europe. Selon Météo France, on observe une hausse de la température de +1,0°C entre la période 1990/1991-2019/2020 et la période 1960/1961-1989/1990 conjointement à une diminution de 38 cm du manteau neigeux moyen sur les reliefs. Qui plus est, le stock nival se réduit sur tous les massifs en moyenne de 20 kg/ m2 par décennie, soit -12 % par rapport à la normale 1981-2010. Cela a notamment des conséquences visibles sur les glaciers dont la surface ne cesse de diminuer et dont une partie est vouée à disparaître d’ici 2050.
Arthur Vaillant (Chargé de projet et de direction artistique pour POW France) : Notre objectif est de rassembler les passionnés de la montagne autour du réchauffement climatique. Nous avons identifié deux thématiques prioritaires : la mobilité et le plaidoyer. Le premier, les transports, est une vraie urgence car, en France, c’est le seul secteur dont les émissions de CO2 continuent à progresser année après année. Même la mode et les métiers de la construction font mieux.
Or, en montagne, il y a des efforts majeurs à faire. 57 % des émissions de CO2 en station provient de la mobilité, que ce soit pour les locaux ou les vacanciers. Notre objectif est donc de créer de nouveaux imaginaires autour de la pratique des sports outdoor et sur la manière dont on se rend en montagne. Il existe des solutions douces et actives pour se rendre sur les pistes. On peut prendre le bus, le train ou encore y aller à pied. Il faut rendre cela attrayant et facile.
il faut outiller les gens pour changer les habitudes. Cela passe par des services comme TicTacTrip qui permettent de préparer son voyage de manière écoresponsable. Cette année, le site Savoie Mont-Blanc s’est aussi doté d’un outil similaire via son offre Go Savoie Mont-Blanc [développée par la société d’Aix-les-Bains Antidots, NDLR].
Nous collaborons aussi avec des événements sportifs pour mettre en place des solutions de covoiturage par exemple. C’est le cas des Mondiaux de Ski qui se tiennent cette année à Courchevel-Méribel. Pour la saison estivale, nous commençons aussi à travailler avec l’UTMB, l’Ultra Trail mont-Blanc, pour promouvoir les mobilités durables auprès des traileurs et de leur accompagnement lors de l’événement qui se tient fin août. Nous avons aussi ms en place une collaboration avec Salomon sur la course Ultra Spirit, créée par le traileur pro François D’Haene, qui se tient dans le Beaufortain en septembre.
Oui, nous voulons mobiliser la communication pour changer le système et apporter des transformations profondes. Cela passe notamment par l’information et la sensibilisation. Comme lors d’événements grand public à l’instar de l’Arc’teryx Film on Tour qui s’est tenu en janvier à Paris et qui a été l’occasion d’évoquer l’importance d’une pratique outdoor durable tout en montrant sur grand écran des histoires de montagne et de ski hors-piste.
Nous échangeons aussi avec les organismes qui peuvent avoir un impact sur la réduction de l’empreinte carbone en montagne. Par exemple, nous échangeons avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes car c’est elle qui décide de mettre plus ou moins de trains à destination des stations, qui participe à la décision de rétablir des trains de nuit, etc. Nous contactons aussi les les médias, notamment la presse quotidienne régionale, pour promouvoir les sujets liés à l’environnement et à l’aménagement durable de la montagne. C’est un travail de fourmi mais nous espérons qu’il portera ses fruits sur le long terme.
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