Qui a dit que les éoliennes enlaidissaient le paysage ?

L’éolien, l’une des technologies les plus prometteuses pour produire de l’électricité verte, est aussi l’une des plus critiquées. Elle dénaturerait les paysages, tuerait certains oiseaux, produirait des nuisances sonores… Mais ces critiques visent principalement le modèle le plus installé, l’éolienne géante à axe horizontal (HAWT: Horizontal Axis Wind Turbine). Car partout dans le monde, des ingénieurs s’affairent à concevoir d’autres types d’éoliennes : plus en phase avec la nature et les installations humaines, plus adaptées aux besoins énergétiques locaux. We Demain a sélectionné cinq de ces projets aux designs surprenants.

Windstalk, l’oscillation des joncs

Mi-oeuvre d’art, mi-centrale électrique, le projet Windstalk a été conçu par l’agence américaine AtelierDNA pour la ville d’Abu Dhabi. Ce système sans pales se compose de tiges de 55 mètres, faites d’un mélange carbone-résine, et d’un diamètre s’affinant de 30 centimètres à la base jusqu’à 5 centimètres à l’extrémité. À l’intérieur des joncs, des disques en céramique piézo-électriques produisent du courant par friction. Mais cette installation produit aussi de l’électricité de deux autres façons : le torque du jonc est mis à contribution dans une chambre à la base de celui-ci, tandis qu’un système de pompes remplit des citernes, qui se vident en produisant de l’hydroélectricité lors des périodes sans vent.

EWICON, l’éolienne sans pale

L’EWICON (abréviation de « Electrostatic Wind Energy Convertor » ou « convertisseur d’énergie éolienne électrostatique ») est une éolienne révolutionnaire sans aucune partie mobile, ce qui minimise son usure. Elle se compose d’un cadre rectangulaire entourant une trame de tubes horizontaux. Au sein de ce cadre, des gouttelettes d’eau chargées électriquement se forment, pour être ensuite soufflées par le vent. Le mouvement du champ magnétique des gouttelettes produit de l’électricité qui peut être ensuite distribuée sur le réseau. Cette éolienne ne produit aucune ombre ou nuisance sonore et est donc particulièrement adaptée au cadre urbain.

BAT, l’éolienne volante

L’éolienne BAT (Buoyant Airborne Turbine) flotte jusqu’ à 600 mètres de haut, la limite légale pour ne pas risquer d’entrer en collision avec un avion. Cette éolienne profite des vents puissants et stables de l’altitude, le tout en ayant une empreinte minimale. Gonflée à l’hélium, elle est arrimée au sol par trois câbles et produit l’électricité nécessaire pour une douzaine de foyers. Tenant avec sa station dans une remorque de camion, elle est adaptée aux zones reculées et difficiles d’accès. Elle peut de plus offrir d’autres fonctions, comme celles de relai téléphonique et de station météo.

L’éolienne à voile de Grande Synthe

Cette éolienne made in France a été bâtie par la société VoiléO pour la ville de Grande Synthe (Nord-Pas-de-Calais), en partenariat avec l’école des mines de Douai et l’ENSAIT Roubaix. Elle utilise des voiles commandées par ordinateur pour s’adapter au mieux aux évolutions du vent, en faisant varier la surface et l’angle de la toile. Ce prototype de 75 kilowatts (contre 1 à 3 mégawatts pour une éolienne classique) alimente le nouveau stade de la ville, qui est le premier en France à énergie positive. Autre avantage, de part sa faible hauteur (14 m voiles incluses), elle ne nécessite pas de permis de construire, ni de fondations en béton.

L’arbre à vent, l’éolienne qui se fond dans le paysage

Cet arbre étonnant est en fait un système produisant 3,1 kilowatts d’électricité, dont les 80 feuilles sont autant de petites éoliennes. Cette forme lui permet d’exploiter tous les types de vents, turbulents et laminaires, et ce à 360°. Selon son inventeur, la société française NewWind, le système fonctionne à partir de 2m de vent par seconde contre 4 ou 5m/s pour les modèles traditionnels. Fonctionnant avec des éoliennes à axe vertical et entraînement direct, il ne produirait presque aucun bruit et serait donc adapté au contexte urbain. Selon NewWind, un arbre à vent permet de répondre aux besoins en électricité, hors chauffage, d’un foyer de quatre personnes.

Retrouvez l’épisode 2 de notre série sur les étonnantes éoliennes !

Jean-Jacques Valette
Journaliste We Demain

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