Qui est Iris Duquesne, la jeune Bordelaise qui milite au côté de Greta Thunberg ?

Iris Duquesne est-elle la Greta Thunberg française ? À 16 ans, cette Bordelaise installée avec ses parents en Californie vient en tous cas de participer à une action inédite. Avec 15 autres jeunes, dont l’icône suédoise, elle a déposé lundi 23 septembre une plainte contre cinq Etats pour inaction face au dérèglement climatique.

Depuis 2014, un protocole de la convention de l’ONU sur les droits de l’enfant leur permet de porter plainte devant un comité de l’organisation internationale s’ils estiment que leurs droits sont bafoués, leurs droits à la santé par exemple.
 

La plainte vise précisément la France, l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil et la Turquie, cinq États influents qui ont signé ce protocole. Elle a été déposée avec l’aide active du cabinet international d’avocats Hausfeld. L’Unicef soutient aussi cette action.
 
À court terme, il n’est pas évident qu’elle ait des effets directs. Un comité composé de 18 experts doit d’abord enquêter sur les violations présumées, puis faire des “recommandations” aux États visés. Mais le recours, qui n’a pas manqué d’irriter le gouvernement français, a déjà une forte portée médiatique et symbolique. Il pourrait, à long terme, établir un lien entre droits de l’Homme et changement climatique. 
 
Depuis New York, où se tenait lundi le sommet de l’ONU sur le climat, Iris Duquesne revient pour We Demain sur son engagement et cette action.

We Demain : Comment est né votre engagement écologique ?

Iris Duquesne : En France déjà, je m’intéressais beaucoup à ces questions. Mes parents, informaticiens, m’ont toujours incitée à recycler, à marcher plutôt qu’à prendre la voiture. Les médias m’ont aussi sensibilisée, ainsi que l’école. Mais je ne savais pas trop comment agir. Je réduisais ma consommation de viande, j’en parlais autour de moi…

Puis quand nous nous sommes installés près de San Francisco, il y a un an, j’ai eu envie de m’engager car on y parlait encore moins d’écologie qu’en France. J’ai donc rejoins l’association Heirs to our oceans, qui lutte contre la pollution des mers. Et il se trouve que le cabinet d’avocat qui a lancé l’action en justice, Hausfeld, a pris contact avec cette association car il cherchait des jeunes Français prêts à s’engager. Quand ils m’ont proposé de le faire, j’ai tout de suite dit oui.
 
Comment s’est passée votre rencontre avec Greta hier ? Vous a-t-elle inspirée ?

Les discours brillants de Greta devant les politiques français ou étrangers ont été un moteur pour moi. Elle a été une des premières jeunes à oser prendre la parole. Elle nous a montré que même les enfants, qui ne sont pas scientifiques et qui n’ont pas beaucoup de contact, peuvent faire quelque chose. Hier, nous étions tous un peu stressés, donc nous n’avons pas beaucoup parlé mais elle a été très gentille. La rencontre a été motivante.
 
Pourquoi avoir choisi de lancer cette action qui vise les États ? Et notamment la France, qui n’est pas forcément le plus gros pollueur ?

J’ai rejoins cette action car elle est pour moi une opportunité de m’engager de manière forte et parce que je trouve que la jeune génération n’est pas assez entendue, alors qu’elle est concernée au premier plan. La France, certes, n’est pas le plus gros pollueur. Elle a fait déjà beaucoup par rapport à d’autres pays, mais elle peut faire encore mieux, suivre la voie de la Finlande, de la Suède par exemple, pour atteindre la neutralité carbone ou réduire davantage l’usage du plastique.
 
Il y a peu de chance que cette action aboutisse à court terme. Comment voyez-vous la suite de votre combat ?

Le but est de faire pression sur l’ONU. Je vais continuer à militer, j’aimerais travailler avec l’Unicef par exemple. Et l’activisme est une voie qui me plait.
 
Que répondez-vous à ceux qui pensent que les enfants ne sont pas en mesure de s’exprimer sur le climat ?

Pendant longtemps, on a dit que les adultes avaient des choses à apprendre aux enfants. Il est temps de réaliser que nous avons aussi des choses à apprendre aux adultes. 

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