Partager la publication "Refashion Day : “Construire un futur tangible et désirable pour la filière textile”"
Le Refashion Day, événement phare du secteur textile et chaussures dont WE DEMAIN est partenaire, s’est déroulé le 10 octobre 2023. L’occasion d’esquisser les contours d’un futur où la circularité et la régénération deviennent peu à peu essentiels. Entre réenchantement de la consommation et valorisation des ressources existantes, cette journée a permis d’esquisser un futur plus tangible et désirable où la créativité et la coopération tissent le fil de la transition écologique.
En France, où 260 000 tonnes de déchets ont été collectées rien que sur l’année 2022, la créativité se pose en antidote à la fatalité, une créativité où la circularité et la réparabilité sont tendances. “On parle souvent de sobriété, moi je préfère le concept de frugalité, a expliqué Navi Radjou, consultant et essayiste, spécialisé dans l’innovation. L’innovation frugale, c’est réconcilier ce besoin impératif écologique de faire moins et ce besoin de l’humain de faire mieux. Recyclage, régénération… il y a tout une boîte à outils à notre disposition. Mais l’important est de ne pas utiliser la frugalité au seul niveau du produit. Cela doit s’appliquer à toute la chaîne de valeur.”
La question centrale demeure celle de la motivation pour développer la réparation et la régénération des vêtements, chaussures, tissus. Il est donc nécessaire d’inciter les marques et le grand public à opérer un changement de comportement, en quête non plus seulement de profit, mais aussi de sens et de durabilité. Pour cela, il est crucial de créer une économie ad hoc dans la filière textile.
Aujourd’hui, on compte deux familles dans le domaine de la réparation : les retoucheurs (en croissance depuis 10 ans mais c’est un métier qui reste fragile) et les métiers de la cordonnerie (3 500 structures en France aujourd’hui contre 8 000 dans les années 80. C’est famille à rajeunir).
Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et invité lors du Refashion Day, souligne l’importance du lien émotionnel avec les objets. “Quand on crée ce lien, il y a une joie inhérente à la réparation et à la conservation”, note-t-il.
Isabelle Cabrita, fondatrice de Good Gang Paris, insiste elle aussi sur la valeur ajoutée d’un vêtement réparé. “Il y a longtemps eu une stigmatisation de la réparation parce que ça se voit, ça fait ‘pauvre’. Les gens ont peur de porter des vêtements réparés parce que ça les déclasse.” Il faut changer de paradigme : réparer son vêtement – et même rendre cette réparation visible –, c’est aussi une forme de déclaration d’amour qu’on lui fait. La célébration d’une relation, d’un affect qui s’est installé sur le long terme entre son vêtement et soi.
Tracer une ligne entre le passé, le présent et l’avenir… Pour mieux imaginer demain, un réancrage de l’écosystème dans le temps long et le flux de l’histoire est capital. Les trois dimensions du temps s’interpénètrent : les savoir-faire ancestraux dialoguent avec l’innovation, les ressources existantes sont repérées, réparées, voire sauvées.
En créant la marque Sessile, La Manufacture 49 (groupe Eram), pilotée par Jean-Olivier Michaux, directeur général, a réfléchi à la durée de vie de nos souliers : “Au bout d’un certain temps d’utilisation, on récupère les paires, on les répare – si on le peut – puis on les renvoie à leur propriétaire. Ce système divise quasiment par deux l’empreinte carbone.”
Autre piste : la revalorisation des déchets : “L’idée, avec le recyclage, c’est de créer de la valeur, a déclaré Véronique Allaire Spitzer, directrice du pôle Régénération de Refashion. Comment imaginer, composer, trouver les solutions pour avoir de nouveaux matériaux ? Quand un T-shirt en coton va être recyclé, ça ne va pas être du coton, ça va être un nouveau matériau avec un impact environnemental meilleur que la matière vierge.”
Maud Hardy, directrice générale de Refashion, a conclu la journée sur une note optimiste. Elle a souligné que chaque initiative et expérimentation a sa place dans la construction d’un futur désirable. La coopération émerge comme le pilier central de cette construction.
Une démarche où prendre soin des autres, de notre environnement et de nos métiers devient une responsabilité partagée, tissant ainsi le récit d’un futur où l’optimisme et l’action collective prévalent.
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