Trois petites années. C’est ce qu’il resterait à l’humanité pour limiter le réchauffement climatique en deça de la barre des 2°C, prévue par l’accord de Paris sur le climat. Un compte-à-rebours calculé par un groupe de scientifiques et experts du climat de la
Convention mondiale des maires pour le climat et l’énergie, dont le travail a été publié le 28 juin dans la revue
Nature.
En se basant sur les gaz à effet de serre (GES) déjà présents dans notre atmosphère, ces experts ont établi un seuil correspondant aux objectifs définis par la COP21. Au rythme actuel, avec les 40 gigatonnes de CO2 rejetés chaque année par l’humanité, le seuil des 1,5 °C sera franchi dès 2020 si des mesures ne sont pas prises. Après cette date, les chances d’enrayer le réchauffement climatique seront quasi nulles.
Pour préserver un environnement adapté à la survie de notre espèce, ces experts recommandent aux dirigeants mondiaux de prendre des mesures immédiates et concrètes.
En matière énergétique, il faut augmenter le pourcentage d’énergies renouvelables à au moins 30 % de la production d’électricité mondiale et interdire progressivement les centrales à charbon après 2020.
Au niveau des infrastructures et des bâtiments, ces derniers doivent être décarbonés d’ici 2050. Pour ce faire, les villes doivent s’engager à convertir, chaque année, au moins 3 % de ces structures à un fonctionnement zéro émission.
En ce qui concerne les transports, l’électrique doit progressivement représenter 15 % des ventes de véhicules neufs et l’utilisation des transports en commun doit être multipliée par deux. Les poids lourds devront quant à eux consommer 20 % de carburant en moins. Idem pour les avions, qui devront diminuer de 20 % leurs émissions de GES.
Les scientifiques conseillent également de mieux aménager les territoires en adoptant des politiques pour réduire la destruction des forêts et engager la reforestation. De même, les méthodes de l’agriculture durable doivent être privilégiées, notamment pour lutter contre l’érosion des sols.
A l’échelle industrielle, ils préconisent d’accroître l’efficacité énergétique en divisant par deux les émissions des usines avant 2050. À noter que les industries lourdes représentent plus du cinquième des émissions mondiales de dioxyde de carbone.
Enfin et surtout, pour mener des actions en faveur du climat, le monde de la finance doit mobiliser 1 000 milliards de dollars par an. Les banques privées et institutionnelles (comme la Banque mondiale), mais aussi les gouvernements doivent émettre davantage de “green bonds” (obligations vertes) pour financer les efforts d’atténuation du réchauffement climatique.
Malgré leur constat accablant, les auteurs ne cèdent pas à la panique. Ils notent plusieurs signaux encourageants ces dernières années comme l’essor des énergies vertes. En 2014, leur part dans la consommation énergétique européenne atteignait 16 %, soit près du double du niveau de 2004. La Suède étant le leader continental dans ce domaine (52,6 %).
A la veille du G20, qui se tiendra à Hambourg les 7 et 8 juillet prochains, le but de cette étude est de maintenir les décideurs politiques sous pression et d’insister sur la nécessité d’agir immédiatement, en “restant optimistes et en agissant tous ensemble avec ambition”, peut-on lire en conclusion de l’étude. Espérons qu’ils soient pris au mot.