Partager la publication "Succès historique de la pétition pour le climat : et après ?"
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Quelle réponse du gouvernement ?
Un argument infondé pour Marta Torre Schaub, directrice de recherche au CNRS et fondatrice du réseau Droit et climat. “Des voix s’élèvent pour dire que si le pouvoir judiciaire dicte au pouvoir exécutif quoi faire, c’est la fin de l’état de droit, explique-t-elle. Mais si cette affaire va au tribunal, le juge ne va empiéter sur aucun pouvoir, poursuit l’avocate. Il va seulement rappeler le gouvernement à ses engagements comme l’Accord de Paris ou les différents plans climat.”
Comment fonctionne cette action en justice ?
Mais si le gouvernement n’agit pas ? Rien n’est gagné. “Le recours peut être rejeté et alors cela sera récupéré par les climato-sceptiques pour dire ‘vous voyez, il n’y a pas de problème de dérèglement climatique'”, craint Arnaud Gossement, avocat spécialisé dans le droit de l’environnement.
Il ajoute : “il s’agit quelque part d’une fiction juridique”. Selon lui, “beaucoup des citoyens qui ont signé la pétition se disent qu’ils traînent Macron en justice mais c’est faux : l’État, ce n’est pas une personne”.
L’Etat français peut-il être sanctionné ?
Mais c’est l’impact politique qui pourrait s’avérer très important. “Si la carence fautive de l’État était reconnue, cela enverrait un message fort au gouvernement comme à la société civile”, affirme Marta Torre Schaub.
Y a-t-il des précédents juridiques ?
Les conséquences possibles de l’Affaire du siècle restent donc très floues. “C’est tellement nouveau juridiquement qu’on ne sait pas ce qu’il va se passer”, observe Marta Torre Schaub. Dans d’autres pays pourtant, de simples citoyens ont réussi à faire plier les gouvernements : aux Pays Bas, 886 habitants, appuyés par une fondation, ont poussé l’État à réduire de 95 % les émissions nationales de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 ; au Pakistan, un fils de paysans a incité le gouvernement à la création d’une Commission sur le changement climatique ; en Colombie enfin, grâce à 25 jeunes, la Cour suprême a ordonné au gouvernement de mettre en place un programme d’arrêt de déforestation de l’Amazonie.
“Dans tous les cas, ce que je trouve très intéressant, c’est ce rassemblement des citoyens, conclut Marta Torre Schaub, même si pour le moment il s’agit plus d’une mobilisation de la société civile que d’une réussite juridique.”