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Toits végétalisés : quand les plantes font le mur

WE DEMAIN accompagne le Crédit Agricole sur la Route des transitions. Pionnière sur le secteur des toits végétalisés, la société Éco Végétal, basée en Eure-et-Loir, s’est spécialisée dans les espaces verts situés en hauteur. Aussi bon pour la biodiversité que pour l’étanchéité des toitures.

Le 01/08/2024 par Florence Santrot
écovégétal
Les toits végétalisés s'appliquent aussi bien, comme ici, sur des maisons individuelles que des immeubles. Crédit : EcoVégétal.
Les toits végétalisés s'appliquent aussi bien, comme ici, sur des maisons individuelles que des immeubles. Crédit : EcoVégétal.

En Eure-et-Loir, à quinze minutes à l’ouest de Dreux, le siège d’ÉcoVégétal sert aussi de showroom à ciel ouvert. Et pour cause : depuis près de 25 ans, cette société s’est spécialisée dans les toits végétalisés, les parkings plantés et la stabilisation des sols, notamment les espaces équestres. Pionnière de son secteur, elle a su développer au fil des ans une expérience unique en la matière. “Les toitures végétalisées ne sont pas seulement esthétiques, elles jouent aussi un rôle crucial dans la gestion des eaux pluviales et la réduction des îlots de chaleur urbains”, explique Pierre Georgel, fondateur d’ÉcoVégétal. Ce paysagiste, architecte et urbaniste a un credo : cesser d’entraver le cycle de l’eau, même en milieu construit.

La technologie est essentielle à la réussite de ces projets. L’entrepreneur précise : “Nous avons prouvé que les fondations ne se déforment pas à condition de mettre en place les bons systèmes. Mieux : cela renforce l’étanchéité, malgré ce que l’on pourrait penser.” Cela garantit la durabilité des structures tout en optimisant la gestion de l’eau. Selon les observations, les toitures végétales peuvent ainsi doubler voire tripler la durée de vie des étanchéités, tout en favorisant la biodiversité.

Pierre Georgel
Rencontre avec Pierre Georgel, président d’Éco Végétal,qui fabrique des toitures végétales et des parkings perméables. Crédit : Jérémy Lempin / WD.

Un impact positif sur la ville (et la biodiversité)

Actuellement, seulement 3 à 4 % des nouveaux toits sont végétalisés, mais l’entrepreneur prévoit une augmentation significative de ce chiffre. “Nous visons 5 à 6 millions de m² de toitures végétalisées d’ici 15 ans”, anticipe-t-il. Cette expansion est essentielle pour les villes, car les toitures végétales offrent de nombreux avantages. Elles rafraîchissent l’air, favorisent la biodiversité et contribuent au bien-être des citadins.

« Les villes vont devenir de plus en plus denses. Pour éviter le chaos, il faut dès à présent penser au confort des habitants et cela passe par une végétalisation des zones urbaines, qui améliore la qualité de vie, rafraîchit et permet un retour de l’eau dans les nappes phréatiques. »

Le siège d’ÉcoVégétal, à lui seul, est un modèle de durabilité. Tout a été pensé pour faire des économies, utiliser des matières premières végétales et favoriser la biodiversité. “Nous consommons 15 kW/m², ce qui me coûte 2400 euros par an pour chauffer 3000 m²”, explique Pierre Georgel. Ce bâtiment est construit avec des bottes de paille, récoltées localement, démontrant l’engagement de l’entreprise envers une construction écologique et efficace.

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Végétalisation des sheds de l’atelier de maintenance de la RATP Paris 13. Crédit : ÉcoVégétal.

Les bienfaits des toits végétalisés : une pédagogie essentielle

L’un des défis majeurs est de sensibiliser le grand public et les décideurs politiques à l’importance des toitures végétalisées. La mode est à l’effet albédo. Pierre Georgel déplore la popularité des “toitures blanches” qui, bien que moins coûteuses, n’offrent pas les mêmes bénéfices écologiques. “Les toitures végétales ne sont pas un gadget. Elles apportent un confort thermique, augmentent la biodiversité et prolongent la durée de vie des bâtiments.”

Et d’ajouter : “On parle beaucoup d’albédo ces derniers temps. Certes, peindre en blanc un toit est trois à quatre fois moins onéreux que la création d’un toit végétal. Mais il faudra le repeindre souvent et il n’aide pas au ruissellement de l’eau. C’est aussi un espace vert supplémentaire – crucial en ville –, une nouvelle zone de biodiversité et une façon de mieux retenir l’eau.

Les projets menés par ÉcoVégétal illustrent parfaitement ces avantages. Par exemple, la végétalisation des toits du centre commercial The Village à Villefontaine (Isère) a permis le développement de nombreuses plantes locales et a attiré une faune diversifiée. “Avec seulement 15 à 20 cm de substrat, nous avons observé beaucoup de plantes locales qui se sont installées par semis”, raconte le fondateur d’ÉcoVégétal.

Vers une ville plus résiliente

Les initiatives d’ÉcoVégétal ne se limitent pas à la France métropolitaine. L’entreprise a également réalisé des projets dans les DOM-TOM et à l’international, notamment au Maroc. “Les toitures végétalisées sont adaptables partout, à condition d’utiliser les bons dispositifs pour retenir l’eau et choisir les végétaux adaptés aux lieux”, souligne le fondateur d’ÉcoVégétal. Par exemple, à La Réunion et à Mayotte, les toitures végétalisées ont été adaptées aux conditions climatiques locales en utilisant des végétaux capables de résister à des périodes de canicule.

Pour soutenir ces initiatives, ÉcoVégétal a mis en place des dispositifs permettant de gérer efficacement les eaux pluviales même dans des régions arides. “Nous avons élaboré des solutions spécifiques pour chaque environnement, que ce soit dans le sud de la France ou dans des zones plus humides comme la Bretagne”, explique Georgel. En outre, l’entreprise collabore étroitement avec des architectes et des urbanistes pour intégrer ces innovations dans les plans d’aménagement urbain, contribuant ainsi à la création de villes plus vertes et plus résilientes. “La végétalisation urbaine est essentielle pour le futur de nos villes”, conclut-il.

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