Partager la publication "Transition énergétique : les annonces, les réactions des ONG"
Il s’agit d’abord d’accélérer les travaux de rénovation des bâtiments. La Caisse des Dépôts accordera aux municipalités qui se lancent dans de lourds travaux d’économie d’énergie ou dans la construction de bâtiments à énergie positive des prêts à taux « très bas » qu’elles pourront rembourser sur 30 à 40 ans. Les obligations et normes contraignantes seront limitées. Les ménages bénéficieront d’avantages fiscaux pour les travaux de rénovation thermique, notamment un « tiers-financement » pour leur avancer les frais de travaux. Des sociétés régionales seront crées a cet effet.
10 000 euros pour passer du diesel à l’électrique
Ségolène Royal veut faciliter et accélérer le déploiement des énergies renouvelables sur le territoire français (simplification des règles de gestion de concessions, du régime des aides, multiplication des appels d’offres). La ministre affirme aussi vouloir éviter que ces équipements soient entièrement détenus par de grands groupes et veut favoriser les sociétés d’économie mixte, ou les concessions citoyennes via le financement participatif. Un soutien sera porté à l’installation de panneaux solaires photovoltaïques sur les bâtiments gourmands en énergie. Enfin, la recherche sera amplifiée, notamment sur le stockage de l’énergie et les réseaux intelligents (Smartgrids).
La ministre entend enfin favoriser le recyclage en travaillant sur l’écoconception des produits et matériaux. D’ici à 2020, il s’agit de réduire de 7 % les quantités de déchets ménagers et assimilés produits par habitants, et stabiliser les quantités de déchets issus de l’économie, notamment le BTP. Le projet de loi prévoit un appel à projet pour 10 villes et territoires zéro déchets sur le modèle de la ville de San Francisco. 1 500 projets de méthaniseurs seront par ailleurs lancés pour produire du biogaz à partir de déchets.
Les ONG sur leur faim
Une analyse que partage Nicolas Imbert, directeur de l’ONG GreenCross France et Territoires. « Tous les objectifs en terme de réduction de consommation sont à 2030 et 2050. C’est trop éloigné. C’est trop flou ! ». Pour le directeur, seule une hausse du prix de l’énergie pourrait vraiment faire basculer l’économie française vers une transition énergétique. « Par un effet mécanique cela aurait rendu la rénovation des bâtiments plus intéressante ». Autre déception : le financement citoyen des énergies renouvelables, délaissé selon l’expert aux profits des appels d’offres favorisant les grands groupes, ainsi que le manque d’ambition pour les territoires et voies maritimes. Morgane Créach comme Nicolas Imbert déplorent enfin le statu-quo sur la filière nucléaire entériné par le texte, puisqu’aucun engagement n’est pris sur la fermeture de réacteurs ou la durée de vie des centrales. Un silence dicté par EDF, pour les deux ONG.
Faut-il être surpris de cette absence d’obligations à court-terme ? Dès sa nomination comme ministre de l’Environnement, Ségolène Royal avait déclaré vouloir préférer les mesures incitatives aux règles contraignantes en matière d’environnement. Le silence au sujet au réacteur de Fessenheim l’illustre bien : « telle que la loi se profile, elle conduit mécaniquement à l’arrêt d’une vingtaine de réacteurs », juge le sénateur écologiste Ronan Dantec. Mais acter dans la loi la fermeture de Fessenheim aurait déclenché des montants d’indemnisation colossaux, EDF étant une société anonyme cotée en bourse qu’il aurait fallu dédommager, rapporte Le Monde.
Côme Bastin
Journaliste We Demain
Twitter : @Come_Bastin