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Vélo et marche : à la (re)conquête de l’espace

La France sera-t-elle un jour une véritable nation cyclable ? Le Club des villes et territoires cyclables et marchables s’y emploie. Lors de sa réunion de rentrée, à la mi-janvier, il a été question de l’accompagnement de la dynamique vélo que connaît la France depuis plus de trois ans. Dans l’Hexagone, on constate une hausse de 34 % de la pratique (vélotaf, plaisir et sport) depuis 2019, révèle le dernier rapport Eco-Compteur. “2022 était une année pleine d’espoirs avec la création d’une Alliance pour le vélo et la mise en place d’un nouveau plan vélo de 250 millions d’euros”, a rappelé Françoise Rossignol, présidente du Club.

Ce Club, qui réunit 234 collectivités – 151 communes et 78 EPCI (établissement public de coopération intercommunale) –, s’attache à promouvoir les mobilités actives, ce qui inclut à la fois le vélo mais aussi la marche à pied. Des pratiques complémentaires et non concurrentes qui doivent bénéficier de plans de déploiement parallèles. “Pour 2023, nous sommes impatients de voir enfin démarrer les premiers projets d’incitation à la mobilité cyclable démarrer et devenir concrets. Tout cela a été ralenti par le Covid. Les choses doivent bouger maintenant”, ajoute Françoise Rossignol.

La France est le pays où la pratique du vélo progresse le plus, avec +34 %. Crédit : Eco-Compteur.
La décomposition du trafic entre les jours de semaine et les week-ends montre des tendances similaires. Crédit : Eco-Compteur.

Priorité à l’inclusivité pour les mobilités actives

“Nous voulons casser le modèle de l’homme de 30-50 ans, vélotafeur. Pour qu’il y ait davantage de personnes âgées, de femmes et de jeunes – chez qui le taux d’utilisation du vélo est assez faible –, il faut des infrastructures bien pensées et insister sur la limite des 30 km/h pour les véhicules motorisés. Cela réduit le différentiel entre la vitesse du vélo et de l’automobile et encourage une cohabitation plus apaisée“, insiste Françoise Rossignol.

Et d’ajouter : “Il est important de valoriser le vélo car c’est la santé. C’est la clé pour lutter contre la sédentarité des modes de vie actuels. On voit même émerger des vélos adaptés aux handicaps. Et le VAE [vélo électrique, NDLR] a très largement ouvert les possibilités de la pratique du vélo. On peut aussi voir le vélo comme un outil de libération et d’autonomie dans les quartiers en difficulté. Ce sont des lieux qui souffrent souvent d’isolement.”

Accompagner les communes pour l’application de leurs plans vélo

Après une année 2022 où a été voté en septembre un nouveau plan vélo de 250 millions d’euros, l’heure est au concret. Dans les collectivités aussi, les stratégies d’aménagement des territoires prennent du retard. Avec la crise des énergies notamment, les plans d’investissement sont revus à la baisse ou étalés dans le temps. C’est pourquoi, afin que les infrastructures cyclables restent une priorité, il est nécessaire que les communes soient accompagnées. “Le rythme risque de ne pas être suffisant pour atteindre les objectifs nationaux de 12 % de part modale à horizon 2030, souligne le sénateur Jacques Fernique. Et l’objectif de 9 % en 2025 semble aujourd’hui injouable.”

Outre la création de pistes cyclables dédiées physiquement délimitées et des aménagements pour améliorer la vie piétonne, le Club des villes et territoires cyclables et marchables insiste aussi sur l’importance de la formation des cyclistes au “savoir rouler”. Respect des feux, indication des changements de direction… les bonnes pratiques doivent devenir la règle. Enfin, la filière vélo doit être renforcée afin qu’il y ait suffisamment d’approvisionnement en vélos et pièces détachées mais aussi assez de réparateurs.

Un plan marche très attendu

Le Club des villes et territoires cyclables et marchables attend aussi impatiemment l’arrivée d’un plan marche de la part de l’État. “La marche, c’est un quart des déplacements en ville. C’est le 2e mode de déplacement en France (24 %), après la voiture. Il est temps de mettre davantage l’accent sur la sécurité, la création de trottoirs de qualité et une signalétique plus adaptée pour les piétons”, insiste Françoise Rossignol.

La part des modes de transports principaux utilisés dans les déplacements locaux, soit à moins de 80 km
du domicile (nota : la part du vélo a progressé depuis). Source : EMP, 2019, SDES-Insee

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