En Afrique du Sud, Durban est connue pour ses stations balnéaires et ses kilomètres de plage. C’est aussi le plus grand port du pays et une ville très industrialisée. Près de 300 entreprises de pétrochimie ou d’agrochimie sont installées dans les banlieues sud de Durban, où elles rejettent de grandes quantités de déchets et de gaz toxiques. À l’époque de l’Apartheid, 300 000 travailleurs y ont été déplacés comme main d’œuvre bon marché pour l’industrie émergente du pays.
Desmond D’Sa avait 15 ans lorsque lui et sa famille ont du déménager de force dans cet environnement ultra-pollué, surnommée « Cancer valley » (la vallée des cancers). Comme la plupart des habitants, il trouve un travail dans une usine chimique. Il est témoin du préjudice environnemental et sanitaire infligé aux populations locales. Comme beaucoup de jeunes de son âge, Desmond aurait pu terminer dans un gang local. Il n’en sera rien.
En 1990, Wasteman Holdings, une société de « gestion » des déchets, ouvre sans consulter les populations locales une immense décharge à ciel ouvert, où s’accumulent huiles, produits chimiques, et déchets toxiques du port de Durban. Desmond commence alors à sensibiliser les communautés diverses de la banlieue sud pour s’opposer à l’entreprise. En 1996, il les fédère au sein l’Alliance environnementale communautaires du Sud Durban. Avec l’organisme, il apprend aux résidents à identifier les produits toxiques auxquels ils sont exposés et à mesurer la qualité de l’air dans des quartiers dépourvus de capteurs.
Desmond permet aux habitants de la banlieue de s’exprimer durant la période de consultation publique prévue par la loi, puis de saisir la justice. Il rameute des journalistes et organise des manifestations sur les grands axes de circulation pour alerter l’opinion publique. Son travail finit par payer. En août 2010, Wasteman annonce renoncer à agrandir sa décharge. En Novembre 2011, elle cesse toute activité et ferme définitivement.
Durant ces années de combat, la maison de Desmond a été incendiée par des assaillants, le laissant brulé à vie et dépouillé de tous ses bien. Il vit désormais en dehors de sa famille en raison de menaces constantes de violence, qui ne l’ont pourtant pas découragé. Desmond s’est depuis engagé dans une nouvelle lutte : combattre l’extension du port de Durban. Un projet pharaonique qui conduirait à déplacer sans compensation des milliers d’Africains du Sud et à aggraver encore les problèmes environnementaux de la ville.
En Avril, Desmond a été récompensé du Prix Goldman de l’environnement pour son engagement. Il a reçu 175 000 dollars pour l’aider à continuer son combat.
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