Partager la publication "Après un siècle de règne antibiotique, les phages contre-attaquent"
L’infection du conduit auditif externe menace maintenant de s’attaquer à la paroi osseuse du crâne et rien, aucun antibiotique, ne parvient à juguler l’assaut bactérien.
Nous sommes en 1991. Le docteur Alain Dublanchet, microbiologiste à l’Institut Pasteur, rentre d’un voyage d’agrément à Moscou. Là-bas, il a franchi par curiosité le seuil d’une pharmacie et, à son grand étonnement, a trouvé facilement une vieille médication tombée dans l’oubli en Occident.
Lutte contre les bactéries
Le docteur, sûr de lui, prépare alors la solution de phages qu’il s’est fait expédier de Moscou. Et il l’applique.“Trois heures après, les suppurations se sont arrêtées, mais ce n’était pas une surprise pour moi”, sourit-il encore aujourd’hui.
En ce début de XXIe siècle, la lutte contre les bactéries redevient d’une brûlante actualité. La résistance aux antibiotiques s’accroît très rapidement pour s’affirmer comme un problème majeur de santé publique. Les médecins sont accusés de prescrire trop systématiquement des antibiotiques pour des infections mineures, mais en fait nous consommons massivement ces médicaments par notre alimentation.
Hormone de croissance
De plus, les antibiotiques agissent un peu comme une hormone de croissance, favorisant le gain de poids des bêtes. Les consommateurs humains subissent alors une exposition massive aux antibiotiques, sans le vouloir et sans le savoir. Cette surconsommation cachée se traduit aujourd’hui par une résistance accrue des bactéries.
Les chiffres sont là : en février 2016, un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) chiffre à 25 000 par an le nombre de décès imputables à l’inefficacité des antibiotiques. On parle désormais de “superbactéries”, résistantes à toutes les souches d’antibiotiques connues. En 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a même envisagé un monde post-antibiotique, “où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer”.
En ce moment de grande tension, les micro-organismes contenus dans les excréments de poilus souffrant de dysenterie pendant la Grande Guerre se sont rappelés au bon souvenir des chercheurs… Lire la suite de l’article dans We Demain n°16.
Guillaume d’Alessandro.
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