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Électrohypersensibles, ils militent pour la reconnaissance de leur maladie

Non reconnue en France, l’hypersensibilité aux champs magnétiques toucherait pourtant 70 000 personnes. Réunie à l’appel de deux ONG samedi 29 août, une dizaine d’entre elles réclament “des mesures urgentes de mise à l’abri”.

Le 31/08/2015 par WeDemain
Non reconnue en France, l'hypersensibilité aux champs magnétiques toucherait pourtant 70 000 personnes. Réunie à l'appel de deux ONG samedi 29 août, une dizaine d'entre elles réclament "des mesures urgentes de mise à l'abri".
Non reconnue en France, l'hypersensibilité aux champs magnétiques toucherait pourtant 70 000 personnes. Réunie à l'appel de deux ONG samedi 29 août, une dizaine d'entre elles réclament "des mesures urgentes de mise à l'abri".

Portables, Wi-Fi, 4G, antennes-relais, ordinateurs, téléphones sans fil, voire tout simplement le courant électrique ou les néons d’un magasin… Selon Next-Up, une ONG qui lutte contre l’exposition aux champs électromagnétiques, ils seraient plus de 70 000 à en souffrir en France. Seulement, leur handicap, l’électro-hypersensibilité, n’est pas officiellement considéré en France comme une maladie.

Mais cet été, pour la première fois, la justice française en a reconnu l’existence. Expertise médicale à l’appui, le Tribunal du contentieux de l’incapacité de Toulouse a accordé le droit à l’allocation adulte handicapé à Marine Richard, la plaignante. Une première qui a replacé l’hypersensibilité aux ondes dans le débat public, et a encouragé le Collectif des Électrosensibles de France et l’association Priartem à organiser une soirée pour en parler, samedi 29 août dans la forêt de Rambouillet (Yvelines).

Hémorragies oculaires, nasales et anales
 
Dans une clairière en bord de route départementale, ce soir-là, ils étaient une dizaine à avoir répondu à l’appel des deux collectifs. Nausées, épuisement et violents maux de tête sont le lot quotidien de nombre d’entre eux. “Hémorragies oculaires, nasales et anales”, complète Antoinette, assise comme les autres autour d’une table en bois.
 
Pour Marie-France, la proximité d’un portable déclenche la sensation d’un “coup de poignard dans la tête”. Même éteint. Séverine, quant à elle, évoque “un oursin dans [ses] poumons” et ne quitte plus ses vêtements cousus de métal. “J’ai l’impression que je suis une extraterrestre”, lâche une autre femme. Brouhaha d’assentiment.

Tous témoignent d’un quotidien devenu invivable. “Impossible de prendre le train, le métro”, raconte Séverine : trop de portables dans un espace confiné. Isabelle doit demander à sa famille de lire pour elle ses emails professionnels. En invalidité depuis 2011, Manuel Hervouet, fondateur du collectif, témoigne : “C’est la retraite avant l’heure, l’impasse professionnelle, de faibles revenus.”

Grande solitude
 
À cela s’ajoute un sentiment de grande solitude. “Un mur total d’incompréhension” de la part du “médecin de village”, raconte Séverine. “On passe pour des allumés”, abonde Pauline. “Le médecin m’a dit que j’avais besoin de soins psychiatriques”, confie Emilia.
 
D’autant plus que les proches et les voisins ne sont pas toujours compréhensifs. Malgré un “jardin de 3 000 mètres carrés” pour protéger son fils de l’extérieur, il reste un riverain “qui ne veut pas éteindre son Wi-Fi”, peste Pascaline.
 
Alors, pour se rassurer, les malades non reconnus s’échangent de bons conseils : traitements, marques de peinture au carbone pour isoler sa chambre, nourriture à éviter… Antoinette témoigne : “Dès que je mange du lactose, j’ai mal au foie et aux doigts de pieds”. On discute de l’utilité de porter des sous-vêtements tissés d’argent et de cuivre : Séverine trouve qu’ils la protègent “à 30 %”.

Car, même dans l’isolement apparent de la forêt de Rambouillet, difficile d’être serein. Séverine “sent une antenne-relais”“Moi, je ressens les avions” qui survolent la clairière, dit Antoinette. Rires jaunes dans l’assistance : “On a téléphoné à Air France… Ils sont vraiment pas coopératifs.”

Zones blanches
 
Une réticence également perçue chez le corps médical, qui “ne se met absolument pas en branle pour essayer de décrire la maladie”, déplore Sophie Pelletier, porte-parole du collectif. Alors, en attendant le nouveau rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), annoncé pour début 2016, tous espèrent que la France maintiendra des “zones blanches”, sans ondes.
 
Le collectif, quant à lui, réclame “un moratoire sur les compteurs électriques communicants Linky”, “la suspension de l’expérimentation des tablettes à l’école”, un nouveau rendez-vous au ministère de la Santé ou encore “des mesures urgentes de mise à l’abri” pour les plus atteints par le syndrome.

Lara Charmeil (Avec AFP)
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil

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