Partager la publication "Modifier notre génome, un fantasme? Peut-être plus pour longtemps…"
Que se passerait il si l’on pouvait éditer nos gènes aussi simplement que lorsque l’on copie-colle un morceau de texte ? Une nouvelle technologie de génie génétique, baptisée CRISPR-Cas9, permet d’entrevoir cette possibilité.
Mise au point en 2012 par deux généticiennes, dont la française Emmanuelle Charpentier, cette technique a permis de diviser par dix les coûts d’édition de l’ADN, tout en rendant le processus plus rapide et précis. En 2014, la technologie a franchi deux nouvelles étapes en se révélant utilisable sur des primates et en corrigeant certaines anomalies génétiques à l’origine de maladies. Une opération effectuée in vivo, sur des souris.
Au centre d’une guerre des brevets entre start-ups et grands groupes industriels, cette technique est aujourd’hui utilisée dans de nombreux laboratoires. En moins de trois ans, des scientifiques ont utilisé CRISPR pour soigner des mutations causant la cécité, empêcher des cellules cancéreuses de se multiplier et rendre des cellules résistantes au VIH. Des agronomes l’ont également utilisée pour créer des variétés de blé résistantes au mildiou et d’autres des bactéries capables de transformer de la matière végétale en bio-carburant.
Scalpel moléculaire
CRISPR : cet acronyme imprononçable désigne les “courtes répétitions en palindrome regroupées et régulièrement espacées”. Traduction :
“Il s’agit d’une sorte de système immunitaire capable de garder la mémoire d’une agression par un virus ou une séquence d’ADN étrangère, afin de combattre ce même agresseur lorsqu’il envahit à nouveau la bactérie”, résume pour La Recherche, Christine Pourcel, de l’Institut de génétique et microbiologie d’Orsay, à l’origine de la découverte de ce principe.
Observé pour la première fois en 1987 dans une souche d’E.Coli par le japonais Atsuo Nakata, ce mécanisme de défense n’a été utilisé sciemment qu’en 2012 pour modifier l’ADN. Une performance menée par la généticienne française Emmanuelle Charpentier et sa consoeur américaine Jennifer Doudna.
“Auparavant, toutes les techniques ressemblaient à des marteaux. Nous, nous avons inventé un scalpel à l’échelle moléculaire. Un outil incroyablement puissant pour les scientifiques” explique Jennifer Doudna à Tech Insider.
Thérapie génique
Les avantages de la méthode CRISPR ? En plus de permettre de “couper” le gène cible (celui que l’on cherche à modifier), elle peut aussi stimuler son expression, l’inhiber ou le remplacer par un autre… transformant l’outil en une sorte de “couteau suisse génétique”.
Mais surtout, CRISPR est beaucoup plus simple et moins cher que les méthodes concurrentes : “N’importe quelle personne avec des connaissances basiques en biologie peut utiliser CRISPR pour modifier un ADN”, explique Jennifer Doudna. Le tout pour moins de 2 000 dollars, matériel de laboratoire inclus.
Risques éthiques
Mais cette facilité d’usage pourrait aussi avoir des conséquences cauchemardesques entre de mauvaises mains. Si une modification génétique sur un être humain venait modifier ses cellules reproductrices (gamètes), la mutation serait ainsi propagée à sa descendance.
Il deviendrait alors tentant de chercher à modifier notre capital génétique pour créer des “super-humains” digne de la science-fiction. Avec tous les risques collatéraux et dérives eugénistes que cela engendrerait…
Ce scénario n’est plus de la science-fiction, à en croire la publication, en avril, de travaux de recherche chinois sur l’utilisation de CRISPR sur des embryons humains. Publication qui a relancé le débat sur la bioéthique et a mené, début octobre, l’Unesco à se prononcer en faveur d’un moratoire sur les techniques d’édition de l’ADN des cellules reproductrices humaines.
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