Qui remportera la guerre pour le brevet de Crispr, la technique du “copier-coller” génétique ?

Mercredi 15 février, la guerre des brevets déclenchée par la découverte de la méthode Crispr-Cas9 a connu un important rebondissement. Présentée comme un “couteau suisse génétique”, cette technique permet d’éditer le génome des êtres vivants à la manière d’un simple copier/coller. Une découverte majeure pour l’avenir des biotechnologies et qui a aussitôt suscité les convoitises.

En 2012, l’université de Californie annonçait la découverte de la méthode Crispr-Cas9 par deux chercheuses affiliées, l’américaine Jennifer Doudna et la française Emmanuelle Charpentier et déposait aussitôt une demande de brevet.

Six mois plus tard, le Broad Institute de Cambridge annonçait, dans un article publié dans la revue Science, l’application de la méthode Crispr-Cas9 aux cellules eucaryotes, qui composent notamment les plantes, animaux et êtres humains.

Des débouchés évalués à plusieurs dizaines de milliards de dollars

Une utilisation concrète de la méthode Crispr, pour laquelle le Broad Institue fit une demande de brevet en décembre 2012 grâce à une procédure plus coûteuse mais aussi beaucoup plus rapide que celle employée par ses rivaux de l’université de Californie.

Une stratégie payante car la demande du Broad Institute a reçu la première une réponse favorable de l’Office des brevets dès avril 2014. De quoi rendre furieuse l’Université de Californie qui réclame un réexamen de cette décision au nom de “l’interférence”.

Cette réclamation a été écartée mercredi 15 février par l’Office américain des brevets qui a reconnu la paternité du Broad Institute sur l’invention et va maintenant étudier la demande de l’université californienne.

Libre-accès pour la recherche

Pas de quoi décourager Jennifer Doudna, l’autre chercheuse de Berkeley à l’origine de la découverte génétique, qui a illustré ce conflit autour des brevets de la manière suivante : “Ils auront le brevet sur les balles vertes. Nous aurons celui sur toutes les balles de tennis.”

Les deux institutions en litige ont précisé qu’elles assureraient un accès libre à leur découverte pour la recherche fondamentale, mais pas pour les applications commerciales. Le Broad Institute ayant déjà vendu une licence d’exploitation de la technique CRISPR-Cas9 au semencier Monsanto.
 

Source : Le Monde

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