C’était il y a deux ans. Suite à une électrocution, Jason Barnes doit être amputé de son avant bras. Refusant de renoncer à sa carrière de batteur, il invente dans un premier temps une extension de bras qui lui permet de manier une baguette par mouvement du coude. L’outil ne lui permet pas de reproduire les solos de John Coltrane, mais lui vaut une entrée au Centre de recherche sur la technologie musicale de Géorgie (
GTCMT).
Avec Gil Weinberg, directeur du centre, Jason Barnes va alors se lancer, dans la fabrication d’une vraie prothèse de bras pour batteur. Ce membre artificiel, capable de capter les impulsions électriques des muscles du musicien, lui permet de manier sa baguette de façon quasi instinctive. Le bras peut adapter la force et la détente de l’impact pour s’approcher d’un vrai jeu de musicien.
Gil Weinberg décide par la suite d’ajouter une deuxième baguette à la prothèse. Celle ci n’est pas contrôlée par les muscles du batteur mais se comporte de manière autonome. Grâce à un microphone et des algorithmes musicaux calqués sur les grands noms du Jazz, la baguette « écoute » le batteur et « improvise » pour compléter son jeu. «
Le batteur devient un cyborg, explique le scientifique.
C’est intéressant de le voir jouer et improviser avec une partie de son bras dont il n’a pas le contrôle. » [Vidéo] Jason Bornes joue avec sa prothèse bionique
« C’est vraiment impressionnant », confirme Jason Barnes au
New Scientist.
« Si cela fonctionne bien et se révèle être plus efficace que ma prothèse actuelle, je vais certainement toujours l’utiliser. » Selon le GTCMT, Jason peut déjà jouer plus rapidement que n’importe quel batteur non-équipé. Les expérimentations vont se poursuivre pour améliorer la synchronisation entre les baguettes, notamment à travers l’analyse de l’activité cérébrale du musicien.
L’invention pourrait séduire au delà des personnes souffrant d’un handicap.
« Cela pourrait changer la manière avec laquelle nous interagirons avec nos instruments dans le futur », a déclaré Jack Baker, le batteur de l’artiste britannique Bonobo. Jason Barnes, lui, donnait samedi un concert au
Science Festival d’Atlanta.