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Gaspillage alimentaire : Carrefour a trouvé son Phénix

Le gaspillage alimentaire représente 10 millions de tonnes par an en France. Pour lutter contre ces pertes, Carrefour s’est allié à la start-up Phénix qui récupère les invendus pour les redistribuer à des associations caritatives. Cette alliance a été récompensée par le prix David avec Goliath le 15 novembre.

Le 16/11/2017 par Sofia Colla
Phénix et Carrefour travaille ensemble depuis 2015. (Crédit : Phénix)
Phénix et Carrefour travaille ensemble depuis 2015. (Crédit : Phénix)

1 600 millions de tonnes. C’est la quantité de nourriture jetée chaque année dans le monde. C’est-à-dire 1,4 million d’hectare de terre gaspillé et 3 300 millions de tonnes d’émissions de CO2.
 
En France, le gaspillage alimentaire s’élève à 10 millions de tonnes de produits par an, soit 16 milliards d’euros. L’objectif de la start-up baptisée Phénix est de lutter concrètement contre ce gaspillage. Chaque jour, ce sont 40 tonnes de produits qui sont récupérées par la société dans les 700 magasins partenaires, soit environ 80 000 repas !
 
Phénix travaille avec de grands groupes, comme Carrefour depuis 2015. L’enseigne avait déjà un programme en interne de collecte des invendus dans leurs hypermarchés. “Nous cherchions une solution pour aller plus loin et collecter surtout auprès des magasins de proximité”, explique Sophie Fourchy, directrice de la Fondation Carrefour.
 
Après avoir commencé auprès de deux magasins pilotes, le partenariat s’étend aujourd’hui sur une centaine de commerces dans toutes la France – environ 70 supermarchés (Carrefour Market) et une trentaine de petites surfaces (Carrefour City, Carrefour Contact, Carrefour Express…). 

Valoriser les invendus

Phénix dispose d’une plateforme permettant de mettre en contact, et en direct, les associations qui ont besoin de vivres et les enseignes, contraintes d’en jeter. C’est ainsi un moyen pour les distributeurs de suivre leurs produits, de savoir où et à qui ils ont été livrés. 
 

“Lorsqu’on nous confie un magasin, on forme l’équipe, on leur fournit le matériel, la plateforme et on fait des collectes avec nos camions. On mutualise les tournées et on livre les invendus du jour à des associations comme Les Restos du Cœur, la Croix-Rouge, Emmaüs ou encore Entraide et Partage”, explique Jean Moreau, ​co-fondateur et président de Phénix.

 
Les équipes de Phénix passent deux fois par semaine dans les petites surfaces de proximité et tous les jours dans les supermarchés. 

“Nous récupérons beaucoup de produits frais (fruits et légumes, jambon, œufs…). Ça représente environ deux tiers du volume”, détaille le président de la start-up. Environ un quart des invendus sont des produits secs comme les pâtes, le riz, les biscuits ou des boissons. Enfin, une petite part des invendus sont des produits de fin de série tels que des jeux, des cartables ou des accessoires de saison. 
 

“Grâce à ces produits nous préparons les repas : 60 couverts pour le petit-déjeuner et 80 pour le diner. On nourrit 25 000 personnes par an gratuitement ! Grâce à Phénix nous n’avons rien à faire. Ils nous livrent tout. En plus, un de leur salarié vient une fois par semaine pour nous aider à distribuer les petits-déjeuners”, raconte Pascal Vermes, directeur de l’association Entraide et Partage qui propose des repas aux sans logis.

Environ 60 % des biodéchets de Carrefour sont ainsi valorisés. En plus de réduire le coût de gestion des déchets, estimé à environ 120 euros la tonne, l’enseigne profite d’une défiscalisation des produits : 60 % de la valeur en prix d’achat des dons sont en effet déduits des impôts. Les 40 % restants reviennent à Phénix.

Le partenariat est amené à se développer dans d’autres magasins de l’enseigne. À court terme, ce sont 200 magasins qui devraient redistribuer leurs invendus à Phénix pour des associations. 

Le prix “David avec Goliath distingue les alliances entre grandes et jeunes entreprises. Lancé par Raise (société d’investissement et fonds de dotation pour les startups) et Bain & Company (cabinet de conseil en management), il a été décerné le 15 novembre par un jury composé de grands patrons ou d’entrepreneurs, comme Gilles Pélisson (PDG de TF1), Claude Terosier (Co-fondatrice de Magic Makers) ou encore David Monteau (Directeur de Mission French Tech).

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