Un million d’épargnants, 43 000 emplois créés en 2015 : la finance solidaire tisse sa toile en France

Réunions, projections de films, ateliers participatifs… Du trois au dix novembre, une centaine d’événements sont organisés dans toute la France à l’occasion de la Semaine de la finance solidaire. Un moment important pour les acteurs du secteur, et notamment pour l’association Finansol qui les fédère depuis 1997 et qui est l’organisatrice de cette neuvième édition. Mais qu’est-ce “qu’épargner solidaire” aujourd’hui ? We Demain a parlé avec Sophie des Mazery, la directrice générale de cette organisation depuis 2010.

We Demain : Qu’est-ce que l’épargne solidaire ?

Sophie des Mazery : C’est une façon de donner une autre vocation à son épargne, qui séduit de plus en plus de Français. L’année 2015, par exemple, l’encours global de l’épargne solidaire a bondi de 23,7 % par rapport à 2014, pour atteindre 8,46 milliards d’euros ! L’objectif : aider les entreprises à replacer l’humain au centre de leurs activités, tout en préservant son épargne et en la faisant fructifier. Il y a donc là une double rentabilité, sociale et financière.  

Comment devenir épargnant solidaire ?

Il y a trois façons de le faire – pour le particulier, il suffit de se renseigner auprès de sa banque : toutes proposent des produits d’épargne solidaire, des livrets, des contrats d’assurance vie, des comptes à terme… dans lesquels sont introduits des mécanismes de solidarité. Dans les entreprises de plus de 50 salariés, plus de neuf millions de salariés ont également accès à des dispositifs d’épargne solidaire depuis 2010 à travers le Fonds commun de placement d’entreprise solidaire (FCPES) dans le cadre du Plan d’épargne entreprise (PEE). Enfin, vous pouvez aussi devenir actionnaire d’une entreprise solidaire.

Laquelle, par exemple ?

Par exemple l’organisation Habitat et Humanisme  qui fait appel à l’épargne publique deux fois par an – une façon pour elle d’augmenter son capital, et pour vous de soutenir les actions de l’association tout en bénéficiant d’avantages fiscaux. C’est très simple, il suffit de remplir un bulletin de souscription, puis de déduire le montant qu’on investit de son impôt. En 2015, ce sont 1 200 entreprises qui ont été soutenues en France et 43 000 emplois qui ont été créés ou consolidés grâce à la finance solidaire. Et cela devrait augmenter grâce à la création du LDDS, le Livret de développement durable et solidaire – dans le cadre de la loi Sapin II,  à compter du 1er janvier 2017, le titulaire d’un Livret de développement durable pourra affecter gratuitement son épargne à une entreprise de l’univers de l’économie sociale et solidaire (ESS)… Et ce produit sera disponible à tous les guichets de banque !

Comment expliquer le succès de ce secteur ?

Il y a plusieurs raisons. Le concept de la finance solidaire existe depuis trente ans environ. Entre temps, il y a eu 2008. La crise des banques a marqué l’opinion publique. De plus en plus de personnes se posent la question de leur responsabilité et de l’utilité de leur argent… Ce qui a forcé les banques, notamment mutualistes, mais aussi les assurances, à développer leurs offres et à proposer des nouvelles gammes de produits de placement. Ces produits sont en adéquation avec un autre besoin : celui de modes de vie plus durables, avec davantage de cohésion sociale. En devenant épargnant solidaire, tout le monde peut, à sa façon, soutenir des projets pour aider les personnes éloignées de l’emploi à en retrouver, ou pour construire des logements pour personnes âgées dépendantes, ou pour aider à sauver la planète… Ces produits bénéficient du label Finansol, qui est décerné par un comité d’experts indépendants sur des critères précis de transparence. Nous sommes ainsi passés de dizaines de milliers d’épargnants solidaires au début des années 2 000 à un million d’épargnants solidaires en France en 2016. 

Il y a donc une quête de sens de la part de la société civile. Mais comment faire fructifier son épargne solidaire d’un point de vue purement économique ?

Soit directement par les taux d’épargne servis chaque année, soit indirectement grâce aux dispositifs fiscaux rattachés au financement solidaire. Et tout le monde en profite. Dans le cas de l’épargne de partage, par exemple, les intérêts produits par le placement sont partagés entre le particulier, qui y a souscrit, et l’entreprise bénéficiaire, qui reçoit au minimum 25 %  des revenus annuels du placement sous forme de dons.  Ce don est déductible des impôts. La réduction de l’impôt sur le revenu (IR) est de 18 % du montant souscrit, celle sur l’impôt sur la fortune (ISF) de 50 % du montant souscrit. On ne fait donc pas don de son argent sans faire fructifier son épargne.

Comment faire pour que cette pratique essaime ?

Elle essaime déjà ! Mais bien sûr, il s’agit de continuer à faire connaître ce mode d’épargne au plus grand nombre et d’aider à créer un cadre plus favorable à son développement. Au sein de Finansol, nous continuons notamment à améliorer nos pratiques d’observations et à travailler nos baromètres, car nous savons bien que ce qui ne se compte pas ne compte pas aux yeux du grand public. Un million de salariés ont choisi l’épargne solidaire aujourd’hui, ils seront 10 millions demain ! Nous oeuvrons pour que ce réflexe solidaire devienne une norme sociale.

We Demain est partenaire de Finansol pour la semaine de l’épargne solidaire 2016, organisée du 3 au 10 novembre 2016.

POUR COMPRENDRE COMMENT LES ENTREPRISES PROFITENT DE LA FINANCE SOLIDAIRE, RENDEZ-VOUS LE 8 NOVEMBRE SUR WEDEMAIN.FR.

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