Covid-19 : deux outils pour voyager à moins de 100 kilomètres de chez soi

“Que faire à 100 kilomètres de chez moi ?” Telle est la question depuis le 11 mai, date à laquelle les Français redécouvraient la possibilité de s’aventurer dans ce rayon autour de leur domicile. Trois entreprises françaises – Génération Voyage, SportiHome et l’Échappée Bière – se sont mises à la page.

Comme tous les spécialistes du tourisme, ces start-up ont fait face au gel de leurs activités pendant le confinement. De ce chômage technique sont nés deux outils gratuits et collaboratifs recensant des idées d’excursions proches de chez soi.

Mettre en avant des “trésors” méconnus

Explore la France a germé dans l’esprit d’Éric Gérardin et de Sylvain Morel, respectivement cofondateurs de Génération Voyage, média spécialisé dans le tourisme, et de SportiHome, une plateforme de location entre sportifs.

Confinés sous le même toit, les deux entrepreneurs ont développé leur carte interactive en moins de dix jours. Saisissez votre adresse, ou activez la géolocalisation de votre appareil : la carte vous indiquera tous les lieux d’intérêt recensés dans un rayon de 100 kilomètres autour de votre emplacement.

Au total, la plateforme a répertorié plus de 1 700 sites dans toute la France. Un chiffre amené à grandir : les partenariats se poursuivent avec les Offices du Tourisme et les utilisateurs peuvent soumettre aux développeurs les lieux qu’ils aimeraient voir figurer sur la carte.
 

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“Tout a été créé manuellement, c’est à dire qu’on ne s’est pas appuyé sur des bases de données”, explique Florian Collas, co-fondateur de Génération Voyage, à We Demain. “On a créé des zones qui rassemblent plusieurs points d’intérêt et parfois, c’est simplement un lac un peu caché dans l’arrière pays, ce sont des petits villages, pas forcément parmi les plus beaux villages de France, mais où on peut passer une heure à se balader…” Des lieux méconnus que la plateforme qualifie de “trésors”.

S’appuyer sur l’expérience des habitants

L’approche est un peu différente pour l’Échappée Bière, agence lilloise spécialisée dans le tourisme brassicole. La fermeture des bars marque l’arrêt de ses activités en France et en Belgique. L’idée d’un tourisme adapté à la règle des cent kilomètres vient alors peu à peu à l’esprit de ses fondateurs.

Montée en huit jours, leur plateforme – sobrement baptisée Moins de 100 km – propose des fonctionnalités similaires à celles d’Explore la France. Avec, en prime, la possibilité de filtrer les résultats en fonction du type de sortie qui vous intéresse : escapade en pleine nature, découverte du patrimoine religieux ou industriel… Pour le moment, les points d’intérêt recensés sont tous situés dans les Hauts-de-France. Mais le reste de l’Hexagone sera intégré à la carte au cours de l’été

 

Là où l’initiative lilloise se distingue le plus de sa cousine montpelliéraine, c’est dans sa banque de données. Aucun Office de Tourisme n’a été contacté pour l’enrichir : tous les lieux recensés l’ont été sur proposition des utilisateurs. “On ne veut pas que ça devienne institutionnel, explique Nicolas Lescieux à We Demain. Et au final, les habitants sont ceux qui connaissent le mieux leur territoire : ce sont les meilleurs ambassadeurs de leur région.”

100 kilomètres : la distance parfaite pour une journée de découvertes

Engagée sur le créneau du tourisme gastronomique, L’Échappée Bière travaille déjà beaucoup à l’échelle locale. Mais la crise sanitaire lui a permis de réaliser que le patrimoine brassicole et culinaire n’est pas le seul à pouvoir être mis en avant. “Les cent kilomètres revenaient sans cesse dans toutes les discussions, raconte Nicolas Lescieux. Au final, c’est une vraie bonne distance : ça représente une journée de balade, une journée de découvertes.”

Après avoir sondé quelques amis, l’équipe de l’Échappée Bière a réalisé que les destinations les plus proches sont souvent les plus méconnues. “On nous disait : c’est vrai qu’on connait parfois mieux l’autre bout du monde, où on a été en séjour, que ce qui se passe à côté de chez nous.”

La crise sanitaire questionne le modèle touristique actuel

Mais qu’adviendra-t-il de ces plateformes une fois la règle des 100 kilomètres abolie ? Pour Nicolas Lescieux, c’est une distance qui reste pertinente : “Que la limite soit administrative, règlementaire ou plus idéologique, ça ne change pas grand-chose.” À ses yeux, la grande époque des voyages à l’étranger est de toute façon révolue. “Prendre un avion pour aller vingt jours en Amérique du Sud, est-ce que c’est quelque chose dont j’ai encore envie ? On a bien compris que l’avion est un gros pourvoyeur de CO2, alors comment je fais pour que mon voyage ait encore du sens ?”

 

 

Même constat pour l’équipe d’Explore la France. “Avec la pandémie, les gens vont peut-être, à très court-terme, avoir peur de reprendre l’avion ou d’aller dans des lieux très fréquentés, estime Florian Collas. Mais de manière générale, je pense que le modèle de tourisme – qui était quand même de masse – va changer. Il n’y a pas si longtemps, en Suède, on parlait de la honte de prendre l’avion. Eh bien peut-être que ça a accéléré tout ça.”

“La crise révèle plein de choses,

renchérit Nicolas Lescieux. En gastronomie, ça fait déjà une vingtaine d’années qu’on réfléchit au circuit court. Cette réflexion, il faut aussi l’appliquer au monde du voyage. C’est parfois difficile, avec les vols low-cost, mais c’est une étape essentielle pour que le tourisme ait encore du sens demain.”
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Morgane Russeil-Salvan

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